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Le Burkina reste fidèle à Taïwan et résiste (encore) aux sirènes de Pékin
AFP 12.02.09 | 08h13
Le président chinois Hu Jintao, qui entame jeudi une tournée dans quatre pays africains, ne fera pas escale à Ouagadougou. Le Burkina Faso a fait en 1994 le choix de Taïwan contre la Chine et bénéficie depuis lors d'importantes aides financières de Taipei. Avec ses 14 millions d'habitants, il s'agit de l'Etat africain le plus peuplé à résister encore aux sirènes de Pékin, mais des voix s'élèvent pour que le Burkina repasse dans le camp de la Chine. "Le Burkina Faso a pris une option politique qui a porté ses fruits. Taïwan nous vient en aide dans pratiquement tous les secteurs de développement", indique à l'AFP un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, s'exprimant sous couvert d'anonymat. Quatrième partenaire bilatéral du Burkina Faso - après la France, les Pays-Bas et l'Allemagne - l'ancienne île de Formose appuie ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest dans de nombreux projets de développement (santé, éducation, hydraulique, agriculture, pêche, etc...) C'est avec son aide que le Burkina est en train de bâtir le deuxième plus grand hôpital du pays, d'une capacité de 600 lits, pour un coût de plus de 30 milliards de francs CFA (47 millions d'euros). Taïwan est aussi le principal bailleur de fonds des "engagements nationaux", programme lancé en 1994 par le président Blaise Compaoré pour la scolarisation des jeunes filles, le développement de la culture irriguée ou encore l'accès à l'eau potable. Taïwan s'était séparé en 1949 de la Chine continentale, gouvernée par le Parti communiste chinois, à l'issue d'une guerre civile entre communistes et nationalistes. Mais Pékin refuse de reconnaître sa souveraineté. Sur le continent africain, seuls le Burkina, la Gambie, le Swaziland et Sao Tome et Principe entretiennent encore des relations diplomatiques avec Taïwan. Dakar a pour sa part choisi fin 2005 de rétablir ses relations diplomatiques avec Pékin, après un divorce de près de 10 ans qui était dû à la reconnaissance de Taïwan par le Sénégal. Le Burkina, lui, continue de militer pour le "droit" de Taïwan de siéger aux Nations unies et dans ses instances spécialisées. Pour contrer l'influence du sommet Chine-Afrique, le président Compaoré (au pouvoir depuis 1987) avait même initié avec l'ancien président taïwanais Chen Shui-Bian le premier sommet Taïwan-Afrique en septembre 2008. Mais "ce n'est qu'une question de temps, le Burkina Faso repartira avec la République populaire de Chine", estime de son côté François Bognini, président du Forum de l'amitié sino-burkinabè (FASIB). Son association regroupe des cadres et des opérateurs économiques burkinabè, tel l'ancien ministre des Finances Zéphirin Diabré, actuel patron du groupe Areva pour l'Afrique et le Moyen-orient. "Nous avons rencontré le ministère des Affaires étrangères pour montrer la nécessité de changer de position par rapport à ce grand pays" qu'est la Chine, fait valoir M. Bognini, cadre de banque. "On ne peut pas, plaide-t-il, continuer d'ignorer un milliard de personnes". Le poids démographique de la Chine, son essor économique et politique grandissant, sont des arguments qui militent, selon M. Bognini, en faveur de la reprise des relations diplomatiques entre Ouagadougou et Pékin. Sous couvert d'anonymat, un haut fonctionnaire confirme: "Le Burkina Faso gagne beaucoup avec Taïwan mais je ne suis pas sûr que nous pourrons tenir encore longtemps cette politique". "Pour le moment, il n'y a pas de signes de rupture", assure-t-il. "Mais je me demande combien de temps cela peut encore durer".
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