Madagascar: Rajoelina prend la tête d'une "transition", 7 manifestants tués
AFP 07.02.09 16h16
Avec nouveau bilan, rappel violences précédentes /// ANTANANARIVO, 7 fév 2009 (AFP) - Le maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, franchissant une nouvelle étape dans son opposition au pouvoir malgache, a créé samedi une "Haute Autorité de transition" dont il a pris la tête lors d'une manifestation au cours de laquelle la police a tué au moins sept personnes. Des policiers anti-émeutes ont tiré à balles réelles sur des partisans du maire déchu de la capitale de Madagascar qui se dirigeaient vers un des bureaux du président Marc Ravalomanana, tuant au moins cinq personnes et en blessant plusieurs autres, a constaté un photographe de l'AFP. Un autre journaliste de l'AFP a ensuite vu sept cadavres dans la morgue de l'hôpital d'Antananarivo. Ces décès portent à au moins 75 le nombre de personnes mortes dans les violences, pillages et émeutes qui ont émaillé depuis le 26 janvier le bras de fer entre l'opposant Rajoelina et le président Ravalomanana. Fin janvier, au moins 68 personnes étaient mortes dans la Grande Ile de l'océan Indien, selon la gendarmerie. Samedi, les manifestants arrivaient de la place du 13-Mai, lieu historique de la contestation politique à Antananarivo, où au moins 20.000 personnes avaient assisté dans le calme à un nouveau rassemblement de l'opposition. "Vu le vide institutionnel relatif à la procédure de destitution du président (...), Andry Rajoelina est nommé président de la +Haute Autorité de transition+", avait déclaré à la tribune une proche du maire. M. Rajoelina avait ensuite nommé un "Premier ministre", Roindefo Monja, un homme politique de Tulear (sud-ouest). Ce dernier sera chargé d'un "gouvernement d'unité nationale où toutes les régions seront représentées", avait déclaré Andry "TGV", le surnom que lui ont donné ses supporters pour son caractère fonceur. "Si l'Assemblée nationale n'arrive pas à se décider, ni le Sénat, ni la Haute Cour constitutionnelle (HCC), c'est la voix du peuple qu'on doit écouter", avait justifié M. Rajoelina. Le maire, destitué mardi de son mandat par les autorités, a engagé des procédures de destitution de M. Ravalomanana devant ces trois institutions. La HCC s'est d'ores et déjà déclarée incompétente. Au terme du rassemblement de samedi, M. Rajoelina, 34 ans, avait appelé ses partisans à marcher vers un bureau du président de la République, à quelques centaines de mètres de distance. "Ce palais appartient au peuple et à la commune. Je décide de donner à la primature (services du Premier ministre) ce palais", avait lancé Andry "TGV". Le palais d'Ambohitsorohitra hébergeait le bureau du maire avant l'accession au pouvoir de Marc Ravalomanana en 2002. Il avait ensuite été transformé en bureau présidentiel. Il y a une semaine, M. Rajoelina s'était déjà proclamé à la tête des affaires de Madagascar, mais Marc Ravalomanana avait alors réaffirmé qu'il demeurait le chef de l'Etat. L'Union européenne (UE) a considéré vendredi que le retour à la situation d'avant la crise n'était "pas envisageable", réitérant ses appels au "dialogue". "Le mouvement de protestation, de mécontentement qui s'exprime dans les rues prouve qu'il y a un profond malaise dans la société malgache", a déclaré la chargée d'affaires de la France à Madagascar, Marie-Claire Gérardin, lors d'une conférence de presse de l'UE. Les Etats-Unis tiennent sensiblement le même discours, jusqu'ici sans résultat. Andry "TGV" s'est fait le porte-voix des frustrations de nombreux Malgaches durement touchés par la hausse des prix. Il a aussi porté sur la place publique leur ressentiment contre M. Ravalomanana qu'ils décrivent comme coupé de la population et affairiste.
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