Madagascar: Rajoelina prend la tête d'une "transition", 23 manifestants tués
AFP 07.02.09 19h05
Ajoute appel du président, fin des tirs /// ANTANANARIVO, 7 fév 2009 (AFP) - Les forces de l'ordre malgaches ont tué samedi au moins 23 personnes en tirant sur les partisans du maire d'Antananarivo Andry Rajoelina, qui les avait appelés à investir un palais présidentiel, nouvelle étape dans son opposition au pouvoir de Madagascar. "J'appelle les forces de l'ordre et la population à se donner la main pour rétablir le calme et l'ordre à Antananarivo et dans tout Madagascar", a réagi dans la soirée le président Marc Ravalomanana sur la télévision nationale, accusant l'opposition d'avoir "dépassé les bornes". "Tout ça est arrivé malgré les pourparlers menés" en coulisses, a-t-il dit. Dans l'après-midi, des policiers ont ouvert le feu à balles réelles sur des manifestants qui se dirigeaient vers le palais Ambohitsorohitra, abritant le bureau du président Ravalomanana dans le centre de la capitale. "Il y a 23 morts et 83 blessés à l'Hôpital Joseph Andravahangy Andrianavalona", hôpital universitaire du centre-ville, a déclaré le chef des sapeurs-pompiers d'Antananarivo, Jaona Andrianaivo. "Je ne sais pas pour les autres hôpitaux". Un journaliste de l'AFP avait auparavant compté sept cadavres dans la morgue de cet hôpital. Les blessés y étaient soignés à même le sol ensanglanté des couloirs, par des équipes médicales débordées. Des tirs sporadiques mais nourris ont retenti tout l'après-midi aux abords du palais où les forces de l'ordre faisaient face à des pillards, avant de se taire en début de soirée. Ces décès portent à au moins 91 le nombre de personnes mortes dans les violences qui ont émaillé depuis le 26 janvier le bras de fer entre M. Rajoelina et le président Ravalomanana dans la Grande Ile de l'océan Indien. Samedi, les manifestants arrivaient de la place du 13-Mai, où au moins 20.000 personnes avaient assisté à un nouveau rassemblement de l'opposition au cours duquel le maire avait pris la tête d'une "Haute Autorité de transition" censée à ses yeux remplacer le pouvoir en place. "Vu le vide institutionnel relatif à la procédure de destitution du président (...), Andry Rajoelina est nommé président de la +Haute Autorité de transition+", avait déclaré une proche du maire. M. Rajoelina avait ensuite désigné comme "Premier ministre" Roindefo Monja, un homme politique de Tulear (sud-ouest), à la tête d'un "gouvernement d'unité nationale où toutes les régions seront représentées". Le maire, destitué mardi de son mandat par les autorités, a engagé, sans succès jusqu'ici, des procédures de destitution de M. Ravalomanana. A la fin du rassemblement, M. Rajoelina avait appelé ses partisans à marcher vers le palais Ambohitsorohitra, qui hébergeait le bureau du maire avant l'accession au pouvoir de M. Ravalomanana en 2002. "Ce palais appartient au peuple et à la commune. Je décide de donner à la primature (services du Premier ministre) ce palais", avait lancé Andry "TGV", surnom attribué pour son caractère fonceur. Il y a une semaine, M. Rajoelina s'était proclamé à la tête des affaires de Madagascar, mais M. Ravalomanana avait réaffirmé qu'il demeurait le chef de l'Etat. L'Union européenne a considéré vendredi qu'un retour à la situation d'avant la crise n'était "pas envisageable" à cause du "profond malaise dans la société malgache", réitérant ses appels au "dialogue". Washington tient sensiblement le même discours. Andry "TGV" s'est fait le porte-voix de nombreux Malgaches touchés par la hausse des prix. Il a aussi porté sur la place publique leur ressentiment contre M. Ravalomanana, qu'ils décrivent comme coupé de la population et affairiste.
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