Madagascar s'enfonce dans la crise, le bilan de la fusillade s'alourdit
AFP 08.02.09 15h01
Ajoute déclarations du maire et du pape /// ANTANANARIVO, 8 fév 2009 (AFP) - Madagascar s'est enfoncée ce week-end dans la crise, le maire d'Antananarivo promettant dimanche de continuer la "lutte" contre le pouvoir au lendemain d'une manifestation de ses partisans réprimée par la garde présidentielle, qui a tué au moins 28 personnes. Quelques dizaines d'habitants de la capitale arpentaient dimanche les couloirs de l'hôpital universitaire à la recherche d'un proche parmi les cadavres ou les blessés. "Moi je dis à la population que leur vie, leur sang qui a coulé, on ne peut pas les laisser tomber. La lutte continue", a déclaré le maire d'Antananarivo Andy Rajoelina, récemment destitué par les autorités, après s'être rendu au chevet de ses partisans blessés. "Demain (lundi), ce sera une journée de deuil national", a ajouté celui qui s'est imposé comme le principal opposant au président Marc Ravalomanana. La journée de samedi a sans doute marqué un tournant dans la crise ouverte depuis mi-décembre entre les deux hommes. La garde présidentielle a tiré samedi sur des partisans d'Andry Rajoelina qui marchaient, à l'appel du maire, sur le palais abritant le bureau du président dans le centre d'Antananarivo. La présidence elle-même se trouve à l'extérieur de la ville. "Dans les trois principaux hôpitaux de la ville, on a recensé 28 morts et 212 blessés", a déclaré à l'AFP le capitaine de gendarmerie Lala Rakotonirina. Selon une source hospitalière, "90% des blessés souffrent d'impacts de projectiles métalliques". En tout, une centaine de personnes ont été tuées dans les violences qui ont émaillé depuis le 26 janvier le bras de fer entre M. Rajoelina et le président Ravalomanana dans la grande île de l'océan Indien. M. Rajoelina s'est fait le porte-voix du ressentiment d'une partie de la population touchée par des difficultés économiques et attachée au respect des libertés publiques. Dans la soirée de samedi, face à des tentatives de pillages dans quatre quartiers de la capitale, "il y a eu des tirs de sommations jusqu'à minuit" qui n'ont pas fait de victime, selon le capitaine Rakotonirina. "Une trentaine de pillards ont été arrêtés". Dimanche, la situation était toutefois calme et l'activité quasi-normale dans la capitale, où des Tananariviens endimanchés sont allés à la messe. Le pape Benoît XVI s'est déclaré pour sa part "vivement préoccupé par la période particulièrement critique que traverse le pays", ajoutant que les évêques de l'île avaient organisé "une journée de prière en faveur de la réconciliation nationale et de la justice sociale". Seul quotidien à paraître, la Gazette a publié une édition spéciale avec une photo montrant, à la une, une des victimes de la fusillade, un journaliste malgache ensanglanté travaillant pour la Radio télévision d'Analamanga, avec pour titre "Carnage!". "Les militaires de la garde présidentielle ont tiré de sang froid sur la foule désarmée des manifestants", écrit le journal, évoquant "un bain de sang comme on en a rarement vu dans notre pays depuis l'indépendance". La fusillade de samedi est intervenue peu après un rassemblement sur la place du 13-Mai où M. Rajoelina, qui a lui-même engagé des procédures de destitution du chef de l'Etat, a pris la tête d'une "Haute Autorité de transition", censée à ses yeux remplacer le pouvoir en place. Ces derniers développements risquent de compromettre un peu plus les efforts de la communauté internationale pour organiser une rencontre entre les deux hommes forts de Madagascar.
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