mardi 10 février 2009

A Madagascar : "Les manifestants ne soutiennent ni le maire, ni le président"LEMONDE.FR | 10.02.09 |

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1 commentaire:

mpirenireny ela a dit…

Madagascar : "Les manifestants ne soutiennent ni le maire, ni le président"
LEMONDE.FR | 10.02.09 | 13h41 • Mis à jour le 10.02.09 | 16h29

Dans un appel à témoignages lancé par Le Monde.fr, les habitants de Madagascar, Malgaches ou étrangers, dénoncent avec effroi le bain de sang du 7 février, à Antananarivo, et partagent une même méfiance envers le président, Marc Ravalomanana, et le maire de la capitale, Andry Rajoelina, pour sortir de la crise.

Le maire et le président (anonyme)
Le maire Rajoelina, fin communicateur, a su surfer grâce à son empire médiatique sur le mécontentement général de la population qui vit dans des conditions épouvantables. Ce n'était pas bien compliqué, au vu de la gestion du pays par le président, qui possède le quasi-monopole sur tous les produits alimentaires de base, entre autres. Il a pu s'exprimer alors que l'opposition avait été fermement muselée. Son objectif : prendre le pouvoir. Ses méthodes manquent certes de maturité mais il est prêt à tout. Il faut savoir que le régime en place a la mainmise sur beaucoup de secteurs économiques : transports, BTP, médias, etc. Les Malgaches ne se font aucune illusion sur les desseins du maire mais veulent tout de même la fin du régime en place.

Quant au président, on a vu sa ferme intention de mater le peuple. Sa situation devient délicate. Les instances internationales le lâchent doucement et depuis hier il est devenu indésirable. Il y avait tout de même la volonté de tuer. Pas de tir d'avertissement, au moins quarante morts, pour la plupart des gamins déshérités. Sans commentaire. Depuis c'est censure, zéro nouvelles de province, mais les vieux relents de l'histoire risquent de ressortir : les provinciaux n'aiment pas les dirigeants des hauts plateaux qui massacrent la foule. La population a été traumatisée par les images diffusées sur les quelques médias indépendants, moi aussi. C'était un carnage.

Des sacrifices pour rien, par Kaila
Il y a quelques semaines j'étais une fervente partisane de TGV [surnom du maire de la capitale, Andry Rajoelina]. Cependant, depuis quelques jours je désapprouve totalement sa conduite et ses actes face à la dégénération de la situation actuelle dans la capitale. Exemple le plus proche, l'envoi au suicide de plusieurs personnes probablement payées pour investir le pseudo-premier ministre de son pseudo-gouvernement. Il est fortement soutenu par les anciens membres du régime de Didier Ratsiraka, ancien président. Preuve d'un total mépris de la démocratie mais seulement utilisation de la population pour arriver à ses fins. De plus, j'ai fortement peur que tout cela n'ait été fait que dans le seul but de détruire la capitale qui actuellement est la plus affectée. Il ne faut pas non plus exagérer le fait que la population malgache soit derrière ce dernier. Seul un nombre peu important de partisans le suivent. Car si la population de Tana [Antananarivo] avait voulu vraiment prendre le palais samedi, elle y serait arrivée et sans effusion de sang. Mais que faut-il faire maintenant pour redresser la situation ? Etablir un directoire militaire peut-être, ou encore éliminer le problème directement à la racine en faisant taire les fous.

Les manifestants ne sont ni pour Ravalomanana, ni pour Rajoelina, par Pierre-Nicolas Guesdon
Il y a une semaine, "pour le moment on attend" était la réponse aux interrogations de mon entourage. Depuis, la foule a marché sur le palais présidentiel d'Ambotsirohitra. Bilan : des morts par dizaines, des blessés par centaines. Et pourtant la réponse est la même : on attend ! En mission à Fianarantsoa, je n'ai pas vécu les événéments de samedi dans la capitale. 400 km au sud, un rassemblement devant le Magro détruit, une estrade, des musiciens. Les manifestants ne sont ni pour Ravalomanana, ni pour TGV. Ils sont d'ailleurs prompts à dire qu'ils "s'occuperont de l'autre après". Reste à savoir dans quel ordre... Pour le moment, la rue annonce l'arrestation et le passage à tabac du leader TIM local [le parti du président].

Retour à Tana hier. Les barrages se sont multipliés sur la route, qui n'est pourtant pas bloquée. A Tana, chauffeurs de taxi, classe supérieure, collègues de travail : tous craignent que l'on s'enfonce dans la crise. Les jours précédents, l'affaire Daewoo, l'avion présidentiel, la fermeture de Viva étaient les critiques du pouvoir les plus souvent citées. Aujourd'hui, l'on se demande comment Ravalomanana peut s'en sortir après les morts de samedi. Dans le même temps, les critiques contre TGV fusent parfois : il aurait "envoyé des gamins à la mort". Au final, les gens sont contre Ravalomanana sans oser soutenir TGV, bref, on attend !

Tananarive sous tension, par Marie Fani
Depuis à peine un mois, je travaille en tant qu'infirmière auprès des enfants de la rue de Tana ; les premières manifestations étaient joyeuses. Le peuple malgache était plein d'espoir, confiant dans son jeune leader, le maire de Tananarive. Il est descendu dans la rue pour dire stop aux dépenses provocatrices de leur président, stop à la trop grande misère. Peu à peu avec les premiers affrontements et les pillages qui ont fait de nombreuses victimes, l'inquiétude peut se lire sur les visages, on craint que les réserves de riz diminuent, l'huile et l'essence augmentent, etc. Samedi dernier, ce fut un massacre ; le maire a envoyé le peuple à la boucherie ; les gardes du gouvernement ont tiré sans sommation sur des jeunes gens aux mains nues qui disaient juste leur désespoir de ne jamais voir un jour leur pays sortir de la misère ; la liste des morts est longue... ils ont tous moins de 30 ans, le plus jeune avait 8 ans.

Hier, journée de deuil, sans heurts dans le recueillement et le chagrin ; depuis rien ne va plus... les rues se sont vidées. Les bureaux ferment très tôt. Le couvre-feu débute à 20 heures jusqu'à 6 heures du matin ; les négociations ont l'air de piétiner... Il semble que le bras de fer entre ces deux hommes de même classe sociale n'a pas d'issue ; et pourtant ici chacun voudrait sortir de l'impasse qui ralentit les activités et accentue la misère ; les Malgaches malgré toutes ces injustices restent souriants et gardent leur légendaire gentillesse.

J'ai vu des gens se faire tirer dans le dos alors qu'ils fuyaient, par Mic