lundi 24 février 2014

Enfant voyageur Savoirs et soins infirmiers







Enfant voyageur


P. Bourée a, b  : Professeur au Collège de Médecine

a Unité des maladies tropicales, Hôpital de Bicêtre, 94275 Kremlin-Bicêtre, France 

b Institut Alfred Fournier, 25, boulevard Saint-Jacques, 75014 Paris, France 

Résumé

Les voyages en pays tropicaux, qu'ils soient 
touristiques ou professionnels, apportent 
un dépaysement complet, mais les conditions
 climatiques et sanitaires locales nécessitent 
de prendre certaines précautions. Ces notions 
de risques sont encore plus importantes chez 
 les enfants qui voyagent, qu'il s'agisse d'enfants 
accompagnant leurs parents en circuit touristique 
ou d'enfants venant voir ou revoir leur famille 
et donc s'intégrant aux activités locales 
des autres enfants du groupe. 
Aussi, est-il très important de prendre 
le maximum de précautions 
(vaccins, prévention du paludisme, 
conseils d'hygiène alimentaire). 
Un bilan de retour est toujours utile, 
surtout si l'enfant a présenté des symptômes
 sur place ou au retour.

Mots-clés : Voyages outre-mer, Vaccinations,
 Paludisme, Fièvre jaune, Diarrhées, Hyperéosinophilie

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Le paludisme, transmis par la piqûre de l'anophèle femelle,
 provoque un syndrome fébrile pouvant évoluer vers un accès
 pernicieux et l'issue fatale dans le cas d'infestation 
par Plasmodium falciparum . D'après l'Organisation mondiale 
de la santé (OMS), il y aurait environ 300 à 400 millions de malades
 chaque année et 1 à 2 millions de décès, dont une majorité d'enfants.
 Aussi les mesures préventives sont-elles indispensables
. En fonction de l'importance de la chloroquinorésistance,
 l'OMS a établi les zones I (faible résistance), II (forte résistance) 
et III (multirésistance), ce qui entraîne une chimioprévention
 adaptée à chaque zone (Tableau 2 ) et naturellement au poids
 de l'enfant. En outre, la consultation de pédiatrie pour 
la préparation des voyages doit rappeler que la prophylaxie
 contre le paludisme est également indispensable pour les parents 
(Tableau 3 ). En outre, il faut dormir sous moustiquaire et emporter 
des produits répulsifs à mettre sur la peau (produits à base de 
moins de 30 % de N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide [DEET]),
 à partir de l'âge de 30 mois. Mais dans l'ensemble, 
la chimioprophylaxie chez l'enfant n'est correcte que dans 38 % des cas 10

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Tableau 2 - Répartition géographique des zones de chloroquinorésistance (Bulletin épidémiologique 
hebdomadaire , 2011).
Groupe I
Pas de chloroquinorésistance
Prophylaxie recommandée : Nivaquine®
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Argentine (Nord), Azerbaïdjan, Belize, Cap Vert, Chine (nord-est), Corée du Sud, Costa Rica, Egypte (Fayoum), Guatemala, Haïti, Honduras, Iraq, Jamaïque, Mexique (Yucatan), Nicaragua, Panama (ouest), Paraguay (est), République Dominicaine, El Salvador, Syrie, Yémen (île de Socotra) 
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Groupe II
Chloroquinorésistance présente
Prophylaxie recommandée : Savarine® (adulte), Nivaquine®-Paludrine® ou Malarone® enfant 

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Colombie (hors Amazonie), Inde, Indonésie, Iran (sauf zone sud-est), Madagascar, Malaisie, Népal (Teraï), Sri Lanka, Tadjikistan, Venezuela 
Groupe III
Chloroquinorésistance élevée et polychimiorésistance
Prophylaxie recommandée : Malarone® enfant ou Lariam® 
Afghanistan, Afrique du Sud (nord), Angola, Arabie Saoudite (sud et ouest), Bangladesh, Bénin, Bhoutan, Bolivie (Amazonie), Botswana, Brésil (Amazonie), Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Chine (Yunnan, Hainan), Colombie (Amazonie), Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Équateur (Amazonie), Érythrée, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Guinée équatoriale, Guyana, Guyane française (fleuves), Inde (Assam), Indonésie (Irian Jaya), Iran (sud-est), Kenya, Laos, Liberia, Malaisie (Bornéo, Sarawak), Mali, Malawi, Mauritanie, Mayotte, Mozambique, Myanmar, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda, Pakistan, Panama (est), Papouasie-Nouvelle-Guinée, Pérou (Amazonie), Philippines, République Centrafricaine, République démocratique du Congo (ex Zaïre), Rwanda, Sao Tomé et Principe, Îles Salomon, Sénégal, Sierra Léone, Somalie, Soudan, Surinam, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Thaïlande, Timor oriental, Togo, Vanuatu, Venezuela (Amazonie), Vietnam (sauf côtes), Yémen, Zambie, Zimbabwe. 
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mdr, pic de fièvre des  nous nous
 se déchainent, pas de panik !!

 
Introduction

Un voyage en zone tropicale avec des enfants peut être profitable pour les parents et les enfants, à condition d'être bien préparé. Sinon, les risques de problèmes de santé peuvent s'accumuler et rendre le séjour très pénible, voire aboutir dans le pire des cas à un rapatriement sanitaire. Il est impossible de parer à tous les risques, surtout avec les enfants qui ne sont pas sensibilisés aux risques sanitaires, mais il faut essayer de prendre le maximum de précautions indispensables pour réduire le risque par rapport aux maladies dites évitables.

Avant le départ

Un tel voyage doit se préparer plusieurs mois à l'avance. Outre l'état général, la nutrition de l'enfant et ses antécédents médicochirurgicaux, il faut vérifier le carnet de santé avec les vaccins universels de base : diphtérie, tétanos, poliomyélitepoliomyélite, coqueluche, Haemophilus influenzae  B, rubéole, oreillonsoreillons, hépatite Bhépatite B, BCG. La prévalence de l'hépatite Bhépatite B reste élevée en milieu tropical, atteignant par exemple un taux de 19 % chez des enfants de moins de 10 ans au Nigeria 1 avec un taux de transmission anténatale de 37 % au Burkina-Faso 2. La tuberculose est encore très fréquente dans les pays en voie de développement et les enfants se contaminent souvent après un contact avec un adulte bacillifère de leur famille.

Il faut interroger la famille sur les pays visités, la durée et les conditions de séjour (club de vacances, camping, hôtel, famille) ainsi que sur sonson propre contexte socioéconomique.

Les vaccins destinés aux pays tropicaux et la chimioprévention contre le paludisme ne sont pas remboursés.

Vaccins

En fonction des pays visités, certains vaccins sont obligatoires et d'autres sont conseillés. Ces vaccins peuvent être faits simultanément, en des sites différents (Tableau 1 )  [3, 4]. Dans certains cas particuliers, peuvent être conseillés les vaccins contre la rage ou l'encéphalite à tiques. Une étude chez les enfants voyageurs, dans un hôpital parisien de pédiatrie a montré un taux d'observance variable : fièvre jaune 87 %, méningite 63 % ; hépatite Ahépatite A 45 % ; typhoïde 37,5 % avec un taux de couverture insuffisant 5.

Fièvre jaune

En Afrique tropicale et en Amérique du Sud 6, elle est due au virus amarilvirus amaril, transmis par un moustique (Aedes ), provoque une hépatonéphrite aiguë grave. Le vaccin est réalisable à partir de l'âge de 9 mois et est valable à partir du 10e jour et pendant 10 ans. Au bout de 10 ans, la revaccination est valable le jour même. Si l'enfant voyage en zone hyperendémique, le vaccin peut être effectué à partir de l'âge de 6 mois. Il est déconseillé de le pratiquer chez l'enfant avant l'âge de 6 mois, en raison de sonson immaturité et d'éventuelles complications neurologiques 7.

Typhoïde

Elle est due à l'ingestion d'eaueau et de crudités et provoque une diarrhée fébrile parfois grave nécessitant un traitement antibiotique. Le vaccin peut être effectué à partir de l'âge de 2 ans et est valable pendant 3 ans. Les vaccins actuels (Typhérix ® , Typhim Vi ® ) sont bien tolérés mais ne sont efficaces que contre Salmonella typhi et non contre les autres salmonelles.

Hépatite A

Elle est fréquente en zone tropicale 8 et due à l'ingestion d'eaueau et de crudités. L'enfant se présente avec une asthénie et un ictère fébrile. Le vaccin contre l'hépatite Ahépatite A s'effectue à partir de l'âge de 1 an, avec un rappel 6 à 12 mois plus tard (cette deuxième injection pouvant être repoussée jusqu'à 5 ans), puis l'immunité est acquise à vie.

Méningite

Elle est due au méningocoque très fréquent en zone tropicale. L'infestation s'effectue par voie respiratoire et provoque des céphalées importantes. Le vaccin antiméningococcique A+ C peut s'effectuer à partir de l'âge de 18 mois et est valable 3 ans. Le vaccin antiméningococcique A+ C+ Y+ W135 (Mencevax ® ), réalisable à partir de l'âge de 18 mois, est conseillé pour le Burkina Faso mais est surtout obligatoire pour l'Arabie Saoudite (vaccin devant être inscrit sur le carnet international), en particulier pour les pèlerinages à La Mecque. Un nouveau vaccin conjugué contre les souches A+ C+ Y+ W135 (Menvéo ® ) est utilisable à partir de l'âge de 11 ans et est valable pendant de nombreuses années. Il peut être conseillé chez l'enfant à partir de l'âge de 2 ans ayant une asplénie fonctionnelle ou organique. Ce vaccin a prouvé sonson efficacité dès l'âge de 2 mois. Des essais chez des nourrissons ont montré une forte réponse immunitaire contre les quatre sérogroupes, avec une bonne tolérance qu'il soit administré seul ou avec d'autres vaccins 9.

Encéphalite japonaise

C'est une arbovirose transmise par un moustique qui provoque un syndrome méningé fébrile. Elle est répandue dans les zones rurales d'Asie du Sud-Est et d'Extrême-Orient. Le vaccin contre l'encéphalite japonaise (Je-Vax ® ), réalisable à partir de l'âge de 1 an en trois doses de 0,5 ml (j0, j7 et j15), n'est plus disponible. Il est remplacé par un nouveau vaccin (Ixiaro ® ), obtenu à partir de la souche SA14-14-2 inactivée, produite sur cellule Véro, qui nécessite deux injections à 1 mois d'intervalle, mais ce vaccin n'est pas recommandé aux enfants de moins de 18 ans.

Encéphalite à tiques

C'est une zoonose transmise par des tiques et qui se manifeste par un syndrome méningé, des troubles psychiques et des paralysies. Elle est répandue de l'Europe centrale jusqu'à la Chine. Le vaccin est le Ticovac ® enfant, réalisable de 1 à 16 ans, à raison de trois injections à j0, j30 et j300. En cas d'exposition prolongée, une injection de rappel est conseillée tous les 3 ans.

Rage

C'est une zoonose grave cosmopolite transmise par les morsures ou le léchage d'animaux infestés (chiens, renards, chauves-souris). Elle se manifeste par une agitation avec une hydrophobie ou une paralysie d'évolution fatale. La vaccination préventive est conseillée chez l'adulte se rendant de façon isolée en zone d'endémie, mais aussi chez les enfants pouvant être en contact avec les chiens errants : risque de morsure ou de simple léchage sur une peau excoriée. Mais en cas de morsure suspecte, la vaccination peut être réalisable dès le plus jeune âge, à raison d'une injection dans chaque épaule à j0, puis une injection à j7 et à j21. En outre, il faut désinfecter soigneusement la plaie, vérifier la vaccination antitétanique et effectuer une vaccination antirabique complémentaire à j0 et j3.

Chimioprévention contre le paludisme

Le paludisme, transmis par la piqûre de l'anophèle femelle, provoque un syndrome fébrile pouvant évoluer vers un accès pernicieux et l'issue fatale dans le cas d'infestation par Plasmodium falciparum . D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il y aurait environ 300 à 400 millions de malades chaque année et 1 à 2 millions de décès, dont une majorité d'enfants. Aussi les mesures préventives sont-elles indispensables. En fonction de l'importance de la chloroquinorésistance, l'OMS a établi les zones I (faible résistance), II (forte résistance) et III (multirésistance), ce qui entraîne une chimioprévention adaptée à chaque zone (Tableau 2 ) et naturellement au poids de l'enfant. En outre, la consultation de pédiatrie pour la préparation des voyages doit rappeler que la prophylaxie contre le paludisme est également indispensable pour les parents (Tableau 3 ). En outre, il faut dormir sous moustiquaire et emporter des produits répulsifs à mettre sur la peau (produits à base de moins de 30 % de N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide [DEET]), à partir de l'âge de 30 mois. Mais dans l'ensemble, la chimioprophylaxie chez l'enfant n'est correcte que dans 38 % des cas 10.

Cas particuliers

Les enfants atteints de pathologie chronique doivent être munis d'un résumé de leurs antécédents médicochirurgicaux (si possible en anglais) avec les médicaments nécessaires (en dénomination commune internationale). Les enfants atteints d'insuffisance respiratoire, cardiaque, rénale ou de diabète doivent être vaccinés contre la grippe. Les enfants positifs pour le virusvirus de l'immunodéficience humaine (VIH) peuvent voyager et être vaccinés (à partir de 200 CD4/mm3 pour le BCG ou la fièvre jaune, et sans restriction pour les autres vaccins), mais il faut se renseigner auprès des pays concernés sur certaines conditions restrictives. Les médicaments indispensables au traitement de ces enfants doivent être prévus en quantité supérieure à la durée initialement prévue du séjour, pour pouvoir parer à toute éventualité de retard au retour.

Les enfants drépanocytaires peuvent voyager (en dehors d'une complication infectieuse ou vaso-occlusive), en prévoyant une hyperhydratation (3 litres/m2/j durant les 24 heures qui précèdent et qui suivent le voyage et 0,15 litres/m2/h de vol) 11, des vêtements chauds (en raison de la climatisation) et des antalgiques. Les enfants diabétiques insulinodépendants peuvent naturellement voyager en prenant en compte le décalage horaire (de plus de 3 heures) et munis d'un certificat médical justifiant les médicaments et le matériel (seringues, aiguilles, autotests de glycémie).

Si le voyage se déroule dans une zone froide, il faut habiller chaudement l'enfant, et couvrir chaudement la tête, les mains et les pieds, car le volume céphalique relativement important à cet âge représente une source importante de perte de chaleur. Les gelures peuvent entraîner des troubles de croissance ou des déformations par destruction des épiphyses et des cartilages de conjugaison 12. Dans ce contexte, il faut éviter les porte-bébés, car l'enfant se refroidit vite, avec un risque d'hypothermie et les compressions artérielles prolongées peuvent favoriser l'apparition de gelures.

Enfin, dans tous les cas, il est prudent de prévoir une petite trousse à pharmacie de base 11 (Tableau 4 ) et de souscrire une assistance-rapatriement.

Sur place

Un certain nombre de précautions doivent être respectées pour éviter les inconvénients de certaines régions chaudes et humides.

Alimentation

Il faut éviter les crudités et préférer les aliments bien cuits, selon la formule habituelle concernant les aliments : « il faut les peler, les cuire, les faire bouillir ou les oublier ». De même, il ne faut boire que de l'eaueau en bouteille ou traitée. Les aliments doivent être gardés sous cloche en grillage, contre les insectes. L'amœbose peut se rencontrer chez des enfants très jeunes. En cas de diarrhée, qui peut retentir sur la croissance 13, il faut réhydrater rapidement par la solution de réhydratation orale, l'hospitalisation étant réservée aux grandes déshydratations. L'enfant de moins de 5 ans est très sensible au choléra 14. Pour les nourrissons, il faut favoriser l'allaitement maternel, utiliser l'eaueau minérale pour les biberons, laver soigneusement les mains des personnes s'en occupant, surveiller l'apparition d'une déshydratation.

Comportement

Il ne faut pas marcher pieds nus (ni en claquettes) en terrain humide (risques d'anguillules ou d'ankylostomes). En cas de séjour sur une plage, il faut toujours mettre une serviette, pour éviter le contact direct avec le sable (risque de Larva migrans ou de puce-chique).

Il faut éviter de se baigner en eau douce (rivières, marigots), même si les enfants autochtones de la même famille s'y sont déjà baignés, car le risque d'une infestation par la bilharziose est fréquent 15 (Figure 1 ). Les enfants jouant dans l'eaueau doivent être surveillés, car les accidents (noyades) sont fréquents. De même, il faut surveiller les enfants qui se promènent sur les routes, en raison des nombreux accidents de voie publique (routes et voitures en mauvais état). Cependant, il est difficile à un enfant voyageant en zone tropicale de ne pas fréquenter les autres enfants autochtones qui sont souvent polyparasités  [16, 17], avec un risque de contamination indirecte par l'environnement.




Figure 1

Figure 1.  Risque de bilharziose collective.
Zoom

Le soleil tropical est nettement plus fort que le soleil européen et donc justifie une bonne protection (chapeau, vêtements légers, crème protectrice). Éviter le coup de chaleur au cours des longs déplacements en voiture, faire souvent boire l'enfant.

Protection contre les moustiques

Comme vu précédemment, la chimioprévention contre le paludisme doit être scrupuleusement suivie (Tableau 3). En outre, les portes et fenêtres doivent être équipées de moustiquaires et il faut dormir sous moustiquaire imprégnée la nuit (les anophèles vecteurs du paludisme piquent le soir et la nuit) 18 et la journée pendant la sieste (les Aedes vecteurs de la dengue et du chikungunya piquent la journée). La peau doit être protégée par des répulsifs (Tableau 4).

Quelle que soit la chimioprophylaxie antipaludique suivie, la survenue d'accès fébrile doit entraîner une consultation immédiate 19 ou si cela n'est pas possible, un traitement présomptif par atovaquoneatovaquone-proguanilproguanil ou artémétherartéméther-luméfantrineluméfantrine doit être envisagé en fonction du poids. En cas de troubles de conscience, il faut utiliser la quininequinine par voie parentérale.

Au retour

Bilan minimal

Si toutes les consignes sanitaires ont été suivies, l'enfant ne devrait pas avoir contracté une parasitose. Cependant, une défaillance étant toujours possible, un bilan de base est conseillé dans les 2 mois après le retour : hémogramme et examen parasitologique des selles (et éventuellement des urines si probabilité de bains en eau douce en Afrique). Le délai de 2 mois permet de couvrir la durée du cycle de nombreux parasites 20, y compris un des plus longs, celui des schistosomes, ce qui permet de retrouver les œufs. En dehors de tout symptôme clinique et ce premier bilan étant négatif, on peut admettre que l'enfant a échappé aux infestations locales. Dans le cas contraire, il faut poursuivre les explorations pour déceler et traiter les anomalies constatées, comme la fièvre, la diarrhée, une lésion cutanée ou une hyperéosinophilie 21.

Fièvre tropicale

Si, au retour d'une zone tropicale, un enfant présente une fièvre, un certain nombre d'étiologies doivent être évoquées, en fonction des pays visités et des troubles d'accompagnement (Tableau 5 ). Le paludisme  [22, 23] et la dengue 24 sont les motifs les plus fréquents de consultation pour une fièvre au retour des tropiques. Il ne faut pas négliger un paludisme, car une évolution vers un accès pernicieux peut être rapide 25 ou parfois une fièvre bilieuse hémoglobinurique. De retour d'Inde, l'étiologie la plus fréquente de fièvre prolongée est la leishmaniose viscérale 26. Une infection urinaire doit toujours être recherchée chez un enfant revenant d'une zone tropicale, surtout si les parents ont eu du mal à le faire boire 27.

Diarrhée tropicale

Si, au retour d'une zone tropicale, un enfant présente une diarrhée, un certain nombre d'étiologies doivent être évoquées, en fonction des pays visités et des troubles d'accompagnement 28 (Tableau 6 ). En sachant qu'un enfant se déshydrate très rapidement, il faut mettre en route le traitement adapté le plus vite possible 29.

Lésion cutanée

Si, au retour d'une zone tropicale, un enfant présente une lésion cutanée, un certain nombre d'étiologies doivent être évoquées, en fonction des pays visités, du type de lésion et des troubles d'accompagnement (Tableau 7 ). Les mycoses et la gale sont les pathologies le plus fréquemment constatées au retour de voyage tropical. Un prurit cutané avec des œdèmes peut orienter vers une filariose, mais ce diagnostic, fréquent chez l'adulte, est assez rare chez l'enfant, étant donné la durée d'incubation de plusieurs années.

Hyperéosinophilie sanguine

Si, au retour d'une zone tropicale, un enfant présente une hyperéosinophilie sanguine, un certain nombre d'étiologies doivent être évoquées, en fonction des pays visités et des troubles d'accompagnement 30 (Tableau 8 ). Là encore, les filarioses provoquent une hyperéosinophilie, mais sont rares chez l'enfant.

Conclusion

Un voyage en zone tropicale ne doit pas laisser de mauvais souvenirs, ni chez les parents ni chez les enfants. Pour cela, il faut prendre le maximum de précautions avant de partir (vaccins), respecter un certain nombre de règles sanitaires et d'hygiène alimentaire sur place et effectuer un bilan de santé minimum au retour. Si des troubles sont apparus, sur place ou après le retour, il faut inciter les parents à consulter assez vite pour les traiter rapidement et éviter une évolution éventuelle vers une complication.

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