Editorial -Absence d’assurance
Samedi, 31 Janvier 2009 00:00 V.R.
Le régime de l’actuel président de la République essaie d’entraîner la population malgache tout entière dans son monde. Celui de l’indifférence ou déni systématique de la crise qui secoue actuellement le pays.
Il donne l’impression de se trouver face à une catastrophe naturelle qui exige, si tel était le cas, de rapides décisions de reconstruction. Celle aussi d’être excédé, mais il se retient, de ces sollicitations de toutes parts l’invitant au dialogue. Car pour lui, il l’a maintes fois affirmé, la crise actuelle n’a aucune importance eu égard au développement du pays et à la réponse aux besoins de la population. Ce faisant, il confirme sa déconnexion du pays réel quand le pays légal où il pense se trouver, n’existe déjà plus.
La preuve est qu’hier, le sentiment qui a prévalu dans la Capitale était une angoisse à fleur de peau. Bien que suivant de manière constante les informations sur quelques radios et stations de télévision, jusqu’au jour d’aujourd’hui beaucoup ignorent, par exemple, si le couvre-feu est maintenu, si la grève générale se poursuit. Mais la question essentielle est de savoir qui du pouvoir central et de la commune urbaine de la Capitale est l’autorité compétente pour des sujets aussi cruciaux. La première décision du couvre-feu a émané du maire, laquelle a été suivie par celle du Chef de Région Analamanga, sorti d’on ne sait où après avoir été introuvable, comme toutes les autorités du pays pendant au moins deux jours. Le plus grave problème est que ce responsable a donné des horaires différents de ceux du maire, ce qui ne le rend pas forcément crédible aux yeux de la population même s’il a précisé, de manière confuse tout de même, l’envergure territoriale de ce couvre-feu. Tout ceci n’est pas rassurant d’autant plus que les contradictions dans les déclarations officielles déroutent encore plus les habitants.
Car le problème de la sécurité des biens et des personnes a été certes évoqué par le chef de l’Etat mais il s’est traduit par des limogeages suivis de nominations. Ces dernières, pour des observateurs avertis, vont dans le sens du durcissement de sa position. Autrement dit pour appeler les choses par leur nom, une répression de la manifestation de ce jour sur la place du 13 mai. Ce qui ne peut qu’accentuer l’incertitude et la peur chez une frange de la population qui ne s’est pas impliquée dans les manifestations de part et d’autre.
Hier de nombreux magasins étaient encore fermés. Il n’y avait du reste aucune consigne de la part du maire de la Capitale qui a donné rendez-vous à ses partisans sur la place du 13 mai pour une déclaration fracassante devant mettre un terme à la situation actuelle. Cela a au moins le mérite d’être clair mais surtout de coller aux réalités de la capitale et du pays -contrairement au régime qui entend l’ignorer superbement- quand bien même on ignore les détails -principe et modalités- du règlement du conflit.
De nombreux bureaux ont ré-ouvert leurs portes. Des employés se sont rendus sur leurs lieux de travail. Certains ont été invités par leur employeur à rentrer chez eux, tandis que d’autres se sont retrouvés devant des portes closes. D’autres encore ont tergiversé pour décider finalement d’aller tâter le terrain qui sentait encore le soufre mais qui ne donnait pas l’air d’être au bord de l’explosion.
Bien qu’il n’y ait pas de file, les stations-service ont été bien fréquentées. Par contre certains magasins généralement fréquentés par des étrangers et de la classe aisée malgache se sont entrouverts discrètement et ont été assaillis. Les étagères ont été vidées très rapidement. Ce geste traduit bien l’absence d’assurance de la part des autorités quant à la sécurité mais surtout la tournure de la manifestation de ce jour.
Beaucoup de parents ont aussi choisi de ne pas envoyer leurs enfants à l’école, pour on ne sait quelles raisons exactes puisque la grève générale décrétée en début de semaine ne semble plus avoir sa raison d’être après le « lundi noir ». Par contre, quelques dizaines de manifestants se sont retrouvées sur la place du 13 mai hier en fin de matinée pour protester contre la grève -laquelle n’existe pas !-, ont-ils déclaré. Pour les passants à peine curieux, leur appartenance politique n’a fait aucun doute. Ils se sont autoproclamés représentants du peuple qui leur aurait déclaré vouloir travailler pour lutter contre la pauvreté.
Aujourd’hui, plus que ces derniers jours, la population se demande qui gouverne le pays, mais surtout en qui elle peut placer et accorder sa confiance et qui peut lui assurer la sécurité autrement que par des déclarations.
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