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accueil >> actualités : afrique >> 28 janv. 2009
MADAGASCAR • Les émeutes et pillages ruinent l'économie du pays
En raison des émeutes qui ont éclaté le 26 janvier à Antananarivo, la plupart des marchands ont fermé boutique. Non seulement les magasins de grande distribution, mais aussi les petites épiceries de quartier. Les rues commerçantes de la capitale, généralement encombrées, sont vides et les produits de première nécessité deviennent difficiles à trouver, constate le quotidien malgache La Vérité. Le 27 janvier, des pillages ont été commis dans d'autres villes en province. Pour un autre quotidien malgache, Midi Madagasikara, des centaines de milliards d'ariary, la monnaie nationale, ont été perdus (des dizaines de millions d'euros). Les commerçants victimes des émeutiers se retrouvent ruinés. Le journal craint que les investisseurs se détournent à nouveau de la Grande Ile. "Bref, l'économie de Madagascar, qui n'était pas encore remise de la crise de 2002, va encore être malmenée." Les conséquences sociales des actes de vandalisme sont tout aussi graves. En l'espace de vingt-quatre heures, plus de 10 000 personnes se sont retrouvées au chômage par suite des destructions d'entreprises et de magasins, poursuit le journal. "Côté opérateurs économiques, il n'y a plus de protection des biens et des personnes, base essentielle de la confiance de tous les partenaires techniques,
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28 janv. 2009
MADAGASCAR • Le maire d'Antananarivo en fait trop
Vu du continent africain, la crise politique sur la Grande Ile a un air de déjà-vu. Un journal burkinabé s'interroge sur la stratégie d'Andry Rajoelina, qui se dit prêt à renverser le régime en mobilisant la rue. Une option peu recommandable.
Andry Rajoelina, maire d'AntananarivoDR
Un maire qui dénonce une "dictature" dans son pays et qui appelle à une grève générale, ce n'est rien d'autre que de la désobéissance civile. C'est à Madagascar que cela se passe, et, comme il fallait s ‘y attendre, la journée a été chaude, lundi 26 janvier, à Antananarivo, la capitale, où les partisans du jeune maire Andry Rajoelina se sont tristement illustrés en commettant de nombreux pillages un peu partout dans la ville. C'est ce genre de situation qu'aime la lie du peuple. Conséquence de cette descente dans la rue : des dizaines de personnes auraient trouvé la mort. Mais s'il y a des gens qui doivent une fière chandelle à Rajoelina, ce sont les détenus de la prison nationale d'Antanimora, qui se sont tous évadés dans la soirée. Le 27 janvier, Rajoelina a évoqué, dans un entretien télévisé, la souffrance du peuple, la liberté d'expression et un avion que le président Marc Ravalomanana aurait acheté 60 millions de dollars. Le maire d'Antananarivo, dit-on, entretient des rapports tendus avec le régime depuis son élection à la mairie, en décembre 2007, comme candidat indépendant. Le bras de fer entre les deux hommes se serait exacerbé depuis la fermeture par le gouvernement, le 13 décembre 2008, de sa télévision privée, Viva TV, après la diffusion sur cette chaîne d'une interview de l'ex-président Didier Ratsiraka. On peut comprendre que Rajoelina ne soit pas content que sa télé soit muette à cause des autorités ou que sur l'île la démocratie soit de façade, mais ce n'est vraiment pas une raison pour appeler la population à la révolte. C'était triste de voir des émeutiers courir, certains avec des chaises, des câbles ou des sacs de sucre sur la tête, d'autres avec des sacs de ciment sur les épaules. Les pillards n'ont rien laissé sur leur chemin, et le président malgache, qui est aussi un homme d'affaires, a même été victime des vols. Pire, les locaux de la radio nationale ont été saccagés et étaient en feu. Si ce n'est pas de la préméditation, ça y ressemble fort. La démocratie, ce n'est pas le désordre. Elle exige un minimum de responsabilité. Un responsable peut-il tout se permettre ? Décidément, ce Rajoelina a du culot. Morceaux choisis de cette bravade : "Le pouvoir appartient au peuple, il peut l'accaparer. Partout dans le monde, aucune force militaire n'a réussi à vaincre la force de la population. Il y a beaucoup trop de prisonniers politiques, et, quand je serai au pouvoir, ils seront tous libérés, sauf les assassins." Comme on le voit, le célèbre maire d'Antananarivo veut changer les choses, et il compte certainement sur la rue pour chasser Marc Ravalomanana et ses hommes du pouvoir. Mais oublie-t-il qu'il a atterri à la mairie grâce aux urnes ? En Afrique, aucun régime n'est parfait, et si on aspire à bousculer l'ordre établi, il n'y a pas de meilleure façon que l'alternance. Les élections sont le seul moyen pour parvenir au pouvoir. Rajoelina le sait mieux que quiconque et ce n'est donc pas bon, sous des dehors fallacieux, de passer par la rue pour être au faîte des honneurs. C'est ce même peuple qui a élu Ravalomanana, et il doit attendre la fin de son mandat pour le sanctionner s'il estime que le pain manque et que la liberté est confisquée. L'anarchie est le faible des politiciens véreux, et c'est dommage que des gens n'aient pas compris qu'ils sont manipulés pour des intérêts égoïstes.
Justin Daboné
L'Observateur Paalga
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L'Observateur Paalga
L'article original
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27 janv. 2009
MADAGASCAR • Antananarivo au bord de l'explosion
Le conflit politique entre le chef de l'Etat et le maire de la capitale débouche sur une situation d'extrême tension.
La couverture de L'Express de Madagascar du 27 janvier 2009
Le lundi 26 janvier, "Tana s'est enflammée", titre L'Express de Madagascar. Théâtre du conflit ouvert entre son jeune maire, Andry Rajoelina, et le président de la République, Marc Ravalomanana, la capitale malgache a sombré dans le chaos. Le premier, surnommé TGV, dénonce la "dictature" qui, selon lui, s'est instaurée dans le pays. Les tensions politiques accumulées les jours précédents par les manifestations de masse, les revendications et les ultimatums lancés au pouvoir ont dégénéré en scènes de pillage. "Sept grands magasins de la capitale au moins ont été pillés le 26 janvier. En moins de 12 heures, le réseau de distribution des produits de première nécessité à Antananarivo a été complètement anéanti. Les magasins abandonnés ont été vidés en quelques heures", rapporte la presse locale, qui fait état de plusieurs morts. Par ailleurs, le siège de la radio et de la télévision malgache a été incendié. Pour Midi Madagascar, ces scènes de violences au cœur de la capitale qui fut jadis le bastion de Ravalomanana ont quelque chose d'ironique pour celui qui avait promis "littéralement", lors de son arrivée au pouvoir en 2002, d'"enrichir les pauvres". "Les gens ont pris au mot le slogan de campagne de Marc Ravalomanana pour justifier les actes de pillage contre les magasins Magro, qui lui appartiennent. Ils étaient issus de presque toutes les couches sociales. Des habitants des bas quartiers à des hommes et femmes BCBG. Même des enfants étaient de la partie. Tous avaient l'impression de reprendre leur dû. La razzia ne s'est pas limitée aux biens présidentiels, mais s'est étendue à d'autres magasins et centres commerciaux." Pour Les Nouvelles, "la surenchère entre le maire de la capitale et le gouvernement approche dangereusement de la zone rouge. Il ne s'agit plus de faire démissionner deux ou trois ministres. Ce n'est ni plus ni moins que toute l'équipe du Premier ministre Charles Rabemananjara qui est dans la ligne de mire. La réponse du gouvernement est encore un non catégorique. Le dernier fusible avant le président de la République n'a donc pas sauté, ce qui expose Marc Ravalomanana en personne aux propos incendiaires qui enflamment une partie de la population." Qu'en est-il de "la démocratie" à Madagascar, pour reprendre l'éditorial de Madagascar Tribune ? Pour ce journal pro-Ravalomanana, l'appel au dialogue lancé par les milieux diplomatiques à Madagascar "s'adresse au camp de TGV, qui est convié à respecter l'ordre constitutionnel et la légalité républicaine. De toute manière, la communauté internationale – et plus précisément la communauté des bailleurs de fonds – n'est pas disposée à discuter avec un quelconque pouvoir issu de la rue ou né d'un coup d'Etat." Le quotidien Les Nouvelles craint que la crise ne dure et se demande comment éviter le pire. "Qu'avons-nous fait du fahendrena malagasy (la sagesse malgache) ? Y a-t-il un médiateur dans le pays ? Au-delà de quelques propositions de médiation, le mutisme des sages et la position des Eglises ne laissent pas présager pour le moment d'une résolution pacifique de ce conflit politique. Au contraire, le spectre d'une guerre civile se profile à l'horizon et, le cas échéant, ce ne sera pas le sommet de l'Union africaine que nous accueillerons en juin 2009, mais des chefs d'Etat africains venus faire office de médiateurs."
Philippe Randrianarimanana
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sur le web
L'Express de madagascar
Midi madagascar
Les Nouvelles
L'éditorial de Madagascar Tribune
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22 févr. 2008
MADAGASCAR • Les ambitions du maire d'Antananarivo
Sans expérience politique, l'entrepreneur Andry Rajoelina, surnommé TGV, a conquis à 33 ans la capitale malgache qui était jusque-là un bastion du régime. Sa réussite rappelle le parcours de l'intouchable président Marc Ravalomanana, dont il est désormais un rival affiché.
Andry Rajoelina, 20 décembre 2007AFP
Courrier international : Novice en politique, vous avez battu le camp présidentiel dans son bastion. Qui êtes-vous, Andry Rajoelina ? Andry Rajoelina : A la base, je suis un chef d'entreprise. J'ai créé la société d'impression numérique et de panneaux publicitaires Injet, qui est numéro un dans son secteur. Début 2007, j'ai racheté une chaîne de télé et une station de radio qui s'appellent Viva. Ma radio, quand je l'ai acquise, était classée à la vingt-huitième place à "Tana" [Antananarivo]. Elle est désormais la plus écoutée. J'ai été aussi un organisateur d'événements et de spectacles, notamment de 1994 à 2000 avec les soirées Live, très appréciées des jeunes de Tana. En novembre 2007, j'ai présenté ma candidature à la mairie d'Antananarivo. J'ai été élu le 12 décembre avec 63 % des voix. D'où vient votre surnom de "TGV", qui est aussi devenu le sigle de votre parti [Tanora Gasy Vonona – Jeunes Malgaches décidés] ? Mon surnom est "Andry TGV", car j'ai pour habitude d'accélérer, de foncer. La rapidité est l'un de mes atouts. Dans mon parcours, c'est vrai que je n'ai pas connu d'échecs mais plutôt des obstacles, voire des difficultés. La clé de ma réussite, c'est de savoir oser. Quel était l'objet de votre visite en France, qui a eu lieu du 6 au 13 février ? L'objet de ma visite était de nouer des contacts avec la France et sa capitale. Je suis venu aussi pour rassurer nos partenaires – l'Association internationale des maires francophones (AIMF), la région Ile-de-France, la Mairie de Paris, l'Agence française de développement et Métropolis (association mondiale des grandes métropoles). Parmi les sujets dont il a été question, il y a la délocalisation du centre de traitement des déchets au nord-ouest de Tana, un projet de 20 millions d'euros. Il y a aussi la création d'une "banque des villes", destinée à financer les investissements urbains. Nous avons aussi mis en place ici en France le TGVE [Tanora Gasy Vonona Europe]. C'est une association qui regroupe surtout des jeunes diplômés prêts à aider le maire d'Antananarivo à relever ses défis, à servir de relais pour nos partenaires en Europe et aussi à nous conseiller. Quels sont vos projets en 2008 ? Nous nous concentrons surtout sur la création d'entreprises, l'instauration de cours municipaux gratuits ainsi que sur la sécurité, avec la création d'une force d'intervention spéciale composée de policiers armés. Qu'entendez-vous par la modernisation de Tana ? Il y a un projet d'informatisation de la mairie, qui facilitera notamment la délivrance des actes d'état civil. En matière de transport, on envisage d'installer petit à petit le tramway ; au niveau des infrastructures, d'installer sur 10 000 m2 à Analakely [artère centrale de la capitale] un centre commercial qui sera lui-même créateur d'emplois et qui devrait rapporter 60 millions d'ariary [22 100 euros] par mois et fera venir les investisseurs à Tana. Comment comptez-vous faire, alors que les caisses municipales sont vides ? C'est vrai que la situation financière est critique. Tana a une dette de 10 milliards d'ariary [3,68 millions d'euros]. Notre défi est d'augmenter de 40 % les recettes fiscales de la commune, notamment grâce à la perception de l'impôt foncier et des frais de délivrance de permis de construire etc. Actuellement, il y a beaucoup de fraudes et nous allons mettre un terme à cela. Nous voulons faire de Tana un modèle de bonne gouvernance. Dans le même esprit, les fokontany, les conseils de quartier, doivent reverser leurs revenus à la mairie. Pour cela, nous installons un représentant du maire dans chaque fokontany. Etes vous concerné par le fameux MAP (Madagascar Action Plan) du président Ravalomanana, qui est devenu la feuille de route du développement pour le pays ? La communauté urbaine d'Antananarivo n'est pas déconnectée du MAP, par exemple avec notre engagement pour la bonne gouvernance qui figure dans ce document. Mais la commune réalise ses engagements d'une autre façon. Par exemple à travers la publication des comptes de la ville ou encore avec le projet d'informatisation des services de la mairie. La CUA adhère au MAP, mais agit à sa façon. Etes-vous prêt à encaisser les coups envoyés par le régime Ravalomanana ? Je suis prêt à travailler avec tout le monde, et les embûches ne nous empêcheront pas d'avancer. Quel est votre positionnement sur l'échiquier politique ? Je suis un centriste. Je ne fais partie ni de la mouvance présidentielle, ni de l'opposition. Sur le plan idéologique, je suis capitaliste.
Propos recueillis par Philippe Randrianarimanana
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