Autrement dit
Un monde nouveau. 2ème semaine. Un
monde sans limites ? Ils veulent changer le monde; Haingoarison
Randrianomenjanahary, un combat contre l'accaparement des terres
455 mots
25 mars 2014
LACRX
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Français
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Le président de la
plate-forme « Solidarité des intervenants sur le foncier » (FIS) lutte
contre l'accaparement des terres par de grandes sociétés étrangères.
Le visage fin et la
silhouette discrète, Haingoarison Randrianomenjanahary n'apparaît pas,
de prime abord, comme un homme impressionnant. Et pourtant ce Malgache
né le 1 août 1962, agriculteur d'une exploitation de 17 hectares,
préside depuis 2010 la plate-forme « Solidarité des intervenants sur le
foncier » (FIS), un cercle d'une trentaine d'organisations (172 360
adhérents) fondé en 2003 pour aider les Malgaches à sécuriser leurs
droits fonciers. S'appuyant sur un pouvoir hautement corrompu, de
nombreuses sociétés étrangères en profitent pour s'emparer de la
richesse des terres malgaches (terres agricoles, ressources minières,
bois précieux) à leur seul profit.
« L'accaparement des terres est un phénomène grandissant à Madagascar
depuis les années 2000, s'inquiète Haingoarison Randrianomenjanahary.
Sous la présidence de Marc Ravalomanana, de nombreux groupes étrangers
ont passé des contrats avec des personnalités locales, des proches voire
des membres du gouvernement pour mettre la main sur des milliers
d'hectares et y cultiver du maïs, du riz, des agrocarburants pour leur
marché intérieur. Les Malgaches en tirent peu de bénéfices, aussi bien
sur le plan financier que sur le plan des emplois et des
infrastructures. Les paysans et les éleveurs qui exploitent ces terres
sont expropriés d'autant plus facilement qu'ils ne possèdent pas de
titre de propriété. »
Sociétés coréennes,
italiennes, canadiennes, australiennes, chinoises… ces groupes sont
nombreux et puissants. « Peu à peu, les Malgaches perdent le contrôle de
leur terre et le bénéfice de son exploitation. Ce qui accélère leur
paupérisation », poursuit-il. Une paupérisation sans précédent dans
l'histoire de la Grande Île. Selon la Banque mondiale, 92 % de la
population vivrait aujourd'hui avec moins de deux dollars (1,48 €) par
jour, contre 68 % en 2005. Un décrochage spectaculaire lié à la mauvaise
gouvernance et qui plonge des millions de personnes dans la plus grande
pauvreté. « Dès que nous sommes informés du projet de l'une de ces
entreprises, nous nous mobilisons: nous étudions le dossier, son impact
réel sur la vie des gens, sur l'économie, sur l'environnement. Nous
rencontrons toutes les autorités. Au fil des années, nous avons remporté
des victoires, comme en 2005 avec la réforme du droit foncier. Si
l'opacité des marchés est toujours la règle, l'impunité n'est plus de
mise. Nous avons libéré la parole des paysans. Sachant qu'ils sont
soutenus, ils ont de moins en moins peur de se mobiliser pour faire
valoir leur droit. »
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