vendredi 4 avril 2014

Haingoarison Randrianomenjanahary ,FIS,Solidarité Intervenants sur le Foncier,Madagascar ,agriculture


Autrement dit
Un monde nouveau. 2ème semaine. Un monde sans limites ? Ils veulent changer le monde; Haingoarison Randrianomenjanahary, un combat contre l'accaparement des terres
LARCHER Laurent
455 mots
25 mars 2014
LACRX
39843
Français
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Le président de la plate-forme « Solidarité des intervenants sur le foncier » (FIS) lutte contre l'accaparement des terres par de grandes sociétés étrangères.
Le visage fin et la silhouette discrète, Haingoarison Randrianomenjanahary n'apparaît pas, de prime abord, comme un homme impressionnant. Et pourtant ce Malgache né le 1 août 1962, agriculteur d'une exploitation de 17 hectares, préside depuis 2010 la plate-forme « Solidarité des intervenants sur le foncier » (FIS), un cercle d'une trentaine d'organisations (172 360 adhérents) fondé en 2003 pour aider les Malgaches à sécuriser leurs droits fonciers. S'appuyant sur un pouvoir hautement corrompu, de nombreuses sociétés étrangères en profitent pour s'emparer de la richesse des terres malgaches (terres agricoles, ressources minières, bois précieux) à leur seul profit.
« L'accaparement des terres est un phénomène grandissant à Madagascar depuis les années 2000, s'inquiète Haingoarison Randrianomenjanahary. Sous la présidence de Marc Ravalomanana, de nombreux groupes étrangers ont passé des contrats avec des personnalités locales, des proches voire des membres du gouvernement pour mettre la main sur des milliers d'hectares et y cultiver du maïs, du riz, des agrocarburants pour leur marché intérieur. Les Malgaches en tirent peu de bénéfices, aussi bien sur le plan financier que sur le plan des emplois et des infrastructures. Les paysans et les éleveurs qui exploitent ces terres sont expropriés d'autant plus facilement qu'ils ne possèdent pas de titre de propriété. »
Sociétés coréennes, italiennes, canadiennes, australiennes, chinoises… ces groupes sont nombreux et puissants. « Peu à peu, les Malgaches perdent le contrôle de leur terre et le bénéfice de son exploitation. Ce qui accélère leur paupérisation », poursuit-il. Une paupérisation sans précédent dans l'histoire de la Grande Île. Selon la Banque mondiale, 92 % de la population vivrait aujourd'hui avec moins de deux dollars (1,48 €) par jour, contre 68 % en 2005. Un décrochage spectaculaire lié à la mauvaise gouvernance et qui plonge des millions de personnes dans la plus grande pauvreté. « Dès que nous sommes informés du projet de l'une de ces entreprises, nous nous mobilisons: nous étudions le dossier, son impact réel sur la vie des gens, sur l'économie, sur l'environnement. Nous rencontrons toutes les autorités. Au fil des années, nous avons remporté des victoires, comme en 2005 avec la réforme du droit foncier. Si l'opacité des marchés est toujours la règle, l'impunité n'est plus de mise. Nous avons libéré la parole des paysans. Sachant qu'ils sont soutenus, ils ont de moins en moins peur de se mobiliser pour faire valoir leur droit. »

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