Bébés d’ici, parents d’ailleursLa couleur noire des enfants adoptés Claire Mestre // asso Mana

http://www.cairn.info/revue-spirale-2014-1-page-179.htm
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Conclusion

Le choix de la couleur matérialise un désir d’altérité, parfois ancré depuis longtemps chez le ou les parents adoptifs. Ce désir, qui anime une relation enfant-parent(s) évoluant sous le regard de la société, croise des fantasmes plus intimes que je n’ai pas évoqués ici.

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C’est un choix insu, non explicable, mais reposant bien sur un désir exprimant un « soi-même comme un autre », et un projet de faire famille par un lien très singulier. L’enfant ouvre le métissage au parent, par le sien, et par un lien de filiation s’inversant quand l’enfant permet au parent d’adopter un pays. Le parent se métisse aussi par affiliation car ses relations vont changer avec la venue de l’enfant par la fréquentation d’autres familles ou d’associations. L’altérité de l’enfant va demander une vraie réflexion grâce au respect de la différence, la lutte contre la discrimination, la prise en compte d’un sentiment de culpabilité de l’inégalité dans le monde ; le souci sera de faire de la couleur le support de qualités enviables et le signe d’une culture, celle du ou des parents, traversée, empreinte, ponctuée d’un ailleurs.

Biblio

• Bègue, F. 2013. « Deuil et adoption. Attentes inconscientes de parents adoptifs sans problème de fertilité », Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, n° 61, p. 106-117.
• Kenzaburô, Ô. 1982. « Gibier d’élevage », dans Dites-nous comment survivre à notre folie, Paris, Gallimard.
• Ndiaye, P. 2008. La condition noire, essai sur une minorité française, Paris, Calmann-Lévy.
• Poivre D’Arvor, O. 2013. Le jour où j’ai rencontré ma fille, Paris, Grasset.
• Skandrani, S. ; Harf, A. ; Mestre, C. ; Moro, M.R. 2013. « La question culturelle dans l’adoption internationale », L’autre, Cliniques, cultures et sociétés, vol. 13, n° 2.

Notes

[1]

Un groupe de recherche de l’université de Paris 5 (Paris Descartes), U669 INSERM, rassemble des chercheurs dont Aurélie Harf, pédopsychiatre et Sarah Skandrani, psychologue autour de ce thème (2012). Cette recherche s’appuie sur un corpus d’interview de parents adoptants.

[2]

Consultation adoption internationale, Maison de Solenn, service du Pr Marie Rose Moro, 97, Bd de Port Royal, 75 679 Paris Cédex 14.

Plan de l'article

1. La couleur noire a une histoire
2. La couleur noire : incarnation de l’altérité
3. La relation parent(s)-enfant évolue sous le regard de la société
4. Le choix de l’enfant noir révèle un désir de métissage chez le parent
5. Conclusion

Pour citer cet article

Mestre Claire, « La couleur noire des enfants adoptés », Spirale 1/ 2014 (N° 69), p. 179-183
URL : www.cairn.info/revue-spirale-2014-1-page-179.htm.
DOI : 10.3917/spi.069.0179