mardi 20 mai 2014

Raharimanana: Dialogues entre l’écrit et le visuel Patricia-Pia Célérier

http://muse.jhu.edu/login?auth=0&type=summary&url=/journals/nouvelles_tudes_francophones/v028/28.2.celerier.html
From: Nouvelles Études Francophones
Volume 28, Numéro 2, Automne 2013
pp. 117-131 | 10.1353/nef.2014.0018
Abstract
Abstract:
Pour le philosophe Jacques Rancière, il importe de produire de nouveaux “régimes du sensible” qui repoussent les limites de l’art tel qu’il est compris, et interpellent les “règles des savoirs”. Raharimanana élabore depuis la fin des années 80 une esthétique plurielle, radicale, qui s’appuie sur une mise en mouvement de la mémoire et l’exposition de ses points névralgiques. Tout à la fois, spéculaire, spectaculaire et spéculative, l’œuvre de l’écrivain malgache manifeste un “nouveau temps, un nouvel espace et un nouveau découpage”. Elle se pose en miroir. Elle parle aux yeux et s’impose à l’imagination. Elle interroge Madagascar, ses dits et ses non-dits, ses théories et ses pratiques. Ainsi, elle met en rapport la parole et l’action, le visible et le dicible. Cet article analyse les intersections de l’écrit et du visuel chez Raharimanana pour montrer comment elles déterminent la littérarité de son corpus.
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Se) représenter entre soi et autre: Nouvelles formes d’altérités dans les littératures de Maurice et de Madagascar
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L’Autre n’est pas la contrepartie du Même, mais appartient à la constitution intime de son sens.
Les cultures en évolution infèrent la Relation, le dépassement qui fonde leur unité-diversité.
Édouard Glissant, Poétique de la Relation
La visibilité grandissante des littératures francophones des îles du sud-ouest de l’océan Indien correspond à un foisonnement de productions qui n’aura pas échappé à la critique depuis les quinze dernières années. Si l’on compte aujourd’hui un nombre respectable d’ouvrages sur le sujet, il n’empêche que le développement rapide et dynamique de ces littératures amène aussi bien les textes que les chercheurs à se poser de nouvelles questions, à énoncer de nouvelles problématiques, à réviser certaines lectures et à redéfinir en permanence les contours souvent insaisissables d’un champ littéraire complexe qui s’articule au carrefour des cultures, entre le local et le global; qui s’interroge constamment sur la question des altérités; et dont la lecture, aussi spécifique soit le contexte, contribue à une compréhension beaucoup plus large des espaces de rencontres, de créolisation, de Relation transculturelle.
Ce numéro aborde la question de l’écriture et de la représentation de soi, mais aussi et surtout de l’autre dans ces littératures et, en particulier, dans celles de Maurice et de Madagascar. La question de l’altérité a été explorée à maintes reprises mais le concept subit un renouvellement constant. Les altérités sont de plus en plus perçues comme étant fluides et mouvantes et non plus figées selon des critères définitifs. Les études ici réunies s’intéressent aux formes relativement inédites d’altérités que les écrivains contemporains mettent en scène et qui sont d’une importance capitale à toute entreprise critique visant à décrire le développement de cette production littéraire. Ces formes originales, rejetant les anciennes oppositions entre soi et autre, remettent en question la linéarité de la relation entre ces deux entités, pour en redéfinir les paramètres et les variables.
Les nouvelles représentations des altérités rendent en effet possible la construction de nouveaux discours sur soi, discours anti-hégémoniques qui impliquent la déconstruction des binarités longtemps maintenues aussi bien sur le plan thématique, que sur le plan générique, critique et philosophique. Notre projet est de comprendre comment ces catégories sont déconstruites et réinventées dans/par les textes dans le but de repenser le rapport entre: l’auteur et son propre texte (écriture autobiographique/autofictionnelle/fictionnelle), la littérature et la pensée critique (lorsque les frontières entre écriture créative et écriture critique deviennent poreuses); l’espace local et l’espace global (la question du nationalisme/postnationalisme/ transnationalisme); le passé et le présent (la question des mémoires); les différentes communautés ethniques (les défis du métissage, de la créolisation).
Les littératures de l’océan Indien nous semblent poser de manière originale et avec beaucoup de vigueur toutes ces questions et notre objectif est de démontrer comment les textes contemporains permettent ou non d’ébranler les logiques dialectiques imposées par les nombreux clivages susmentionnés et de proposer de nouveaux espaces pour se dire—espaces qui prennent forme dans la remise en question des frontières généralement fixées entre soi et autre et qui s’expriment dans la pensée de la créolisation, du transnationalisme, du transculturel, de la mise en abyme, de l’intertextualité, de la traduction, etc. Ces nouveaux espaces pourraient tantôt correspondre à la pensée du métissage de Françoise Lionnet (1989), tantôt à celle du Tiers-espace d’Homi Bhabha, des (nouveaux) idéoscapes et ethnoscapes tels que définis par Arjun Appadurai, de la Relation d’Édouard Glissant. Les contributions ici présentées, et qui s’intéressent tout particulièrement à la question de la “représentation,” adoptent une perspective radicalement ouverte et se situent...

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