lundi 17 mars 2014

Orange s'associe avec Morphosis pour recycler les mobiles collectés en Afrique


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Cette filière pourrait monter en puissance grâce à d'autres déchets électroniques comme les ordinateurs.

C'est le monde du recyclage à l'envers. Depuis trois mois, des téléphones mobiles usagés naviguent d'Afrique vers l'Europe, où ils subiront, sur le port du Havre, divers traitements physico-chimiques afin d'en extraire les matières revalorisables, à commencer par les métaux rares comme l'or, l'argent et le palladium. Ces téléphones sont collectés et sommairement démontés dans cinq ateliers implantés au Burkina Faso, au Bénin, en Côte d'Ivoire, au Niger et à Madagascar par Orange et Emmaüs International. Au Havre, où ils sont acheminés par conteneur, ils sont pris en charge et traités par Morphosis, une entreprise de recyclage des déchets électriques et électroniques dont l'offre a été préférée à celle d'une société belge.

Un mobile multitâche

L'opération porte aujourd'hui sur des quantités encore modestes, de l'ordre de 100 à 150 tonnes l'an, ce qui représente toutefois déjà plusieurs centaines de milliers d'appareils et un chiffre d'affaires de l'ordre de 500.000 euros. Le gisement potentiel apparaît toutefois à la mesure du développement du mobile en Afrique, dont l'usage ne se limite pas à la simple conversation téléphonique, mais s'étend à la télémédecine, au paiement de biens ou de services et au transfert d'argent. Selon Orange, il existerait déjà 500 millions de mobiles en service sur ce continent. Cette filière de recyclage à vocation « solidaire » a déjà permis la création d'une trentaine d'emplois en Afrique et pourrait monter en puissance rapidement avec l'ouverture d'autres ateliers de collecte. « On réfléchit aussi à la manière d'élargir le travail amorcé par Orange, à d'autres déchets électroniques comme les ordinateurs », dit Serge Kimbel, directeur de Morphosis, qui achète ces mobiles en fin de vie à Emmaüs International, gestionnaire des ateliers.

Ce partenariat conforte cette jeune entreprise créée en 2008 sur le site d'un ancien chantier naval. Depuis, elle a ouvert deux autres unités (Milan et Madrid) et a racheté une petite entreprise parisienne d'affinage des métaux précieux, dont elle a transféré l'activité au Havre. Elle emploie aujourd'hui une trentaine de salariés pour un chiffre d'affaires de 5,5 millions d'euros. Elle s'était fixé comme objectif d'atteindre les 35 millions à l'horizon 2017, mais elle a pris un peu de retard sur son tableau de marche en raison de la baisse de 20 à 30 % du cours des métaux précieux depuis trois ans.

Dominique Aubin

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