Le conseil des  ministres d’hier a décidé le démantèlement des FIS et de la DST. Une  manière de rompre définitivement avec la Transition.
Un grand coup. L’adoption du décret portant organisation de la présidence de la République a fait partie de l’ordre du jour du premier conseil des ministres dirigé par Hery Rajaonari­mampianina, président de la République, au palais d’État d’Iavoloha hier. Les Forces d’intervention spéciales (FIS) et la Direction de la sécurité du territoire (DST) ont été « supprimées ».
L’argument officiel pour motiver la décision de démanteler ces entités est que « ces deux organes étaient nécessaires uniquement pour la gouvernance de la Transition ». Selon Harry Laurent Raha­jason, ministre de la Commu­nication, la DST avait pour mandat de s’occuper des affaires qui pouvaient mettre en danger la sécurité du territoire et des institutions de l’État. Le colonel René  Roland Lylison, commandant de la FIS, explique pour sa part que son service a été mis en place « en période de crise, afin de maintenir l’ordre public, éviter la guerre civile et les affrontements entre
militaires ».
Le ministre de la Commu­nication a souligné que ces deux entités spécifiques ont été instituées pour la Transition. « Étant donné que nous sommes actuellement dans une République, il appartient aux organisations normales de prendre le relais », a-t-il déclaré. Durant la Transition, les FIS notamment ont multiplié les coups d’éclat, comme l’arrestation des leaders de la mouvance Ravalomanana à l’hôtel Carlton Anosy, en 2009.
Une action musclée lors de laquelle des personnalités telles que Manandafy Rakoto­nirina ont été exposées en sous-vêtement ou en robe de chambre devant la presse.
Les FIS se sont également illustrées lors de la mutinerie de certains officiers et sous-officiers de la Force d’inter- vention de la Gendarmerie nationale (FIGN) en 2010, où un des leurs était tombé au combat. Sous le co-commandement du colonel Lylison et du lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina à ses débuts, les Forces d’intervention spéciales ont souvent été considérées par l’opinion comme le bras armé de la Haute autorité de la Transition (HAT) qui, en 2009 et 2010, tentait tant bien que mal d’asseoir son pouvoir.
Un raccourci qui pourrait être motivé par le fait que les deux officiers ont été parmi les figures militaires qui ont porté au pouvoir Andry Rajoelina, président de la HAT à l’époque.
Réconciliation
La DST quand à elle s’est retrouvée au devant de la scène notamment lors de l’attentat contre le véhicule présidentiel au marais Masay en 2011 et lors des multiples opérations coup de poing contre les trafiquants de bois précieux entre autres. La DST et les FIS ont maintes fois fait l’objet de critiques de la part de l’opinion, mais aussi de leurs pairs au sein des forces de l’ordre pour des interventions dans des affaires échappant à leur compétence, souvent controversées et opaques.
« Le président de la Répu­blique est le chef suprême des armées. En tant que militaires, nous exécutons ses ordres et nous plions à ses décisions. Nous avons pu éviter la guerre civile. L’on peut dire que notre mission est accomplie. Il est logique que notre service ne soit plus requis », a déclaré le colonel Lylison d’un ton conciliant, joint au téléphone hier.
Les FIS, particulièrement, ont déjà essuyé des critiques de la part d’un diplomate étranger œuvrant à Mada­gascar. Jean Marc Chataigner, ancien ambassadeur de France, qui les a pointées du doigt en évoquant le flou qui entoure sa création et ses interventions qu’il a considérées comme hors des ca­dres juridiques. Au-delà de la question organisationnelle, la suppression des FIS et de la DST pourrait être une manière pour le nouveau régime de marquer sa volonté de rompre avec la période transitoire.
Lors du conseil des ministres d’hier, Hery Rajaona­rimampianina a aligné les points fondamentaux de sa gouvernance, « la réconciliation nationale, non négociable, et l’observation des Droits de l’Homme ».
La suppression des deux branches armées de la présidence de la Transition pourrait être un premier pas pour concrétiser ces priorités. Un geste fort également à l’endroit, particulièrement, de la mouvance Ravalomanana, en vue de la « réconciliation ».