mercredi 9 décembre 2015

ZOÀM , BAOMANGA, TROIS FOIS SIX,JOMAKA







ZOÀM «. ['zwam] Jeune chômeur, prolétaire, jeune homme d'origine
servile, esclave. Tanora tsy an'asa, mpitrongy vao homana,
tanora iva razana, andevo. Syn. Baomanga, trois fois six.
Etym. Sigle désignant un groupe de jeunes des quartiers
pauvres de Tananarive, actif au moment de la révolution
étudiante de mai-juin 1972. Tel qu'il apparaît dans les journaux
de l'époque, il est d'abord écrit ZWAM, et expliqué comme
représentant les mots Zatovo Western Amical Malagasy "les
jeunes Western amicaux malgaches", c'est-à-dire plus ou moins
"les cow-boys". (Discussion de leur rôle politique dans R.
Archer, 1976, notamment p. 152, où la signification originale
du sigle est d'ailleurs dormée avec une petite variante.) Le
groupe se donne ensuite un nom plus présentable, éliminant le
côté ludique au profit d'une définition politique : ce sont alors
les ZOAM, et l'abréviation est censée se résoudre en Zatovo
Orin'Asa Malagasy "Jeunes Malgaches en Quête de Travail".
Il fournit une part importante du personnel des grandes
manifestations de rues, et participe à côté des représentants des
étudiants, des enseignants, des travailleurs et des paysans au
Congrès national qui marque la fin de période révolutionnaire
(septembre 1972). Recrutés surtout dans les quartiers traditionnellement
"noirs", c'est-à-dire habités par les descendants des
anciens esclaves, les ZOAM ont essayé pendant une brève
période d'ériger en argument politique la lutte contre la discrimination
dont sont victimes les descendants d'esclaves, en particulier
dans l'accès à l'école et aux emplois. Mais cette tentative
de revendiquer et d'afficher (à l'américaine - finalement le
terme de Western n'était peut-être pas si dénué de sens
politique...) une légitimité historique et morale de victimes de
la discrimination n'a guère réussi, et le mot a vite été retourné
par leurs adversaires en terme de mépris, et de stigmatisation
raciale, d'où le dernier sens, devenu actuellement (fin des
armées 1990) le sens courant. Cf. aussi jomaka.
BAOMANGA n. \° Personne de souche servile, descendant des anciens
esclaves. Olona iva razana, andevo.
Syn. Trois fois six, zoam.
Femme très noire mais très belle. Vehivavy mainty fa tsara
tarehy.
Etym. Le terme est composé de Bao, nom de femme, et de
l'adj. manga, généralement traduit par "bleu", mais qui a aussi
les sens de "foncé, noir, obscur" et de "bon, excellent",
ambiguïté exploitée ici par les deux acceptions du mot, l'une
jéjorative et l'autre méliorative. On se souviendra qu'à la fin de
a monarchie, quand les esclaves issus de la traite illégale avec la
côte d'Afrique de l'est avaient été hbérés en bloc par un édit
royal, le nom qui leur avait été attribué était celui de
Zazamanga, ce qui peut se comprendre soit comme

TROIS FOIS SIX De souche servile, descendant des anciens esclaves.
Andevo, taranaky ny andevo.
Syn. Baomanga, zoam

JOMAKA n. ['dzumaka] Voyou, mauvais garçon, jeune, jeune homme.
Jiolahim-boto, tanora, tovolahy. Syn. Bandy, deba, dimbaka, faikany, jiolambany, mabôto,
ninjà. Etym. Tous les témoins rapprochent ce mot de Zoam, nom
d'une organisation de jeunes des milieux défavorisés, active au
moment de la révolution étudiante de 1972, et considérée avec
beaucoup de méfiance par les autres forces polifiques de
l'époque. Mais le mot n'est pas aussi marqué que Zoam, qui a
fini par devenir un terme de stigmatisation raciale.

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