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lundi 7 décembre 2015
The Dizzy Brains aux Trans Musicales Articles du Monde et l'Express Society (c/c du texte )
"Les quatre rockeurs malgaches
de The Dizzy Brains n’auraient pu
se distinguer que par la singularité
de leur origine. Mais ces jeunes félins
efflanqués de Tananarive,
ovnis d’une scène locale peu portée
sur le garage rock, ont saisi, le
4 décembre, les milliers de spectateurs
du Hall 3, avec des chansons
« qui racontent [leur] vie ». Sculptés
par leur rage face à la corruption, à
la misère, au fatalisme, au poids
étouffant des traditions de la société
malgache, leurs hymnes
punk, autant marqués par les Stooges
que par Jacques Dutronc (une
épineuse reprise des Cactus), retrouvent
une urgence devenue rarissime
dans le rock occidental."
stéphane davet
------------------------------- Express
Le quatuor punk
rock originaire de Madagascar est la révélation des Trans. La prestation
sauvage de ce jeune groupe qui n'avait jamais quitté la capitale
Antananariva a laissé les spectateurs bouche bée. Une performance
furieuse pied aux plancher carburant à l'urgence. Leurs textes chantés
en malgache et en anglais, traitent de sexe, de pauvreté, de misère, de
corruption. Un cocktail Molotov mal perçu sur l'île prisonnière d'une
morale protestante. Un journal local malgache a titré : "Laisseriez-vous
votre fille sortir avec un Dizzy Brains ?". Les chansons ne passent pas
à la radio.
C'est dans ce terreau - 9 malgaches sur 10 vivent
sous le seuil de pauvreté - que pousse la rage et sa colère chanteur
Eddy Andrianarisoa Zafimanga, 25 ans. L'homme est gaulé comme une
allumette. De quoi démarrer un incendie. Vite torse nu sur scène, corps
d'adolescent sec et musclé, les jambes dans un jean serré, Eddy est
l'hybridation d'Iggy Pop et de Mick Jagger Mick Jagger. Attention
danger. (voir l'intégralité de leur prestation sur Arte Concerts)
Ce jeune loup prêt à sortir les crocs quand on lui tend un micro, se
révèle aussi doux qu'un agneau à la ville. Le groupe fondé avec son
frère Mahefa, aujourd'hui à la basse, est ravi de l'accueil que lui a
réservé le public . Les professionnels montrent aussi leur intérêt. Pas
de quoi étourdir les nouveaux venus. Ils pourraient raconter la légende
du groupe venu de nulle part qui rafle la mise sur un coup de dés. La
chance du débutant. Ce serait se tromper. Ce succès ne tombe pas du ciel
et ne doit rien au hasard. Cette explosion aux Trans est le dernier
étage d'une fusée amorcée il y a déjà quelques années sur leur île. Une
sacrée histoire qui met en scène Jacqueline Taieb, Jacques Dutronc et
un distributeur de médicaments génériques. Explications.
"Un jour j'étais aux toilettes et mon père a mis le disque de Jacqueline Taieb, 7 heures du matin.
En sortant, j'ai dit 'Je veux faire un groupe de rock', raconte
simplement Eddy. Dans la discothèque de mon père, il y avait aussi des
disques de Jacques Dutronc, de Jacques Brel, Nino Ferrer. Le punk c'est
dans la tête. Pour moi Dutronc c'est un punk." En live, Les Dizzy Brains
reprennent d'ailleurs les Cactus. A leurs débuts, en 2011, ils
font aussi des covers des Sonics, des Stones, des Kinks. Personne ne
fait ce genre de musique à Madagascar. Les gens écoutent de la musique
américaine ou des rythmes tropicaux. Il y a aussi une grosse scène
métal, mais elle n'aborde par la réalité de manière aussi directe que
les Dizzy Brains.
Jean-Louis Brossard, le programmateur
des Trans, les a découvert en 2014. Mais ils étaient encore trop verts.
Alors les garçons ont travaillé d'arrache-pied pour réussir leur coup à
Rennes. Depuis le mois de mai, ils répètent neuf heures par jour. Et ils
ont assuré pendant un mois deux concerts quotidiens dans un club pour
appréhender la scène. Ils ont aussi eu des préparations aux interviews.
Rien n'a été laissé au hasard. Leur premier EP, Vangy, est
sorti le 4 décembre en France, la date de leur concert. Malheureusement
l'album pas toute la mesure de leurs prestations électriques. Eddy tient
l'objet entre les mains. Il n'a pas encore eu l'occasion de le regarder
vraiment. L'enregistrement a été réalisé au studio Libertalia à
Madagascar et le mixage à Paris au studio de la grande armée. Sans
Libertalia, The Dizzy Brains n'en seraient pas arrivés là. Créé fin
2012, Libertalia est un studio, un label et un festival. Son fondateur
s'appelle Gilles Lejamble, un franco-malgache, pharmacien de formation,
qui investit dans la musique l'argent qu'il gagne avec sa société de
distribution de médicaments génériques. L'homme veut faire bouger les
lignes sur l'île grâce à la culture. Il a déjà goûté à la politique,
mais les pratiques locales ont fini par l'écoeurer. "C'est par la
culture que les Malgaches vont reprendre confiance en eux, explique
l'homme aux yeux pétillants. Pour cela il faut la faire sortir, former
des professionnels sur place. Le non développement de Madagascar n'est
pas une fatalité". Les Dizza vont bientôt repartir sur leur île. On
prend les paris que le groupe reviendra bientôt mettre le feu sur les
festivals.
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Au départ, ça ressemble à un pari pas gagné d'avance : donner sa chance en festival à un groupe punk rock de Madagascar. Hier, les Dizzy Brains, formés autour de deux frangins, se produisaient pour la première fois sur une grande scène dans le cadre des Transmusicales de Rennes. Avec un certain succès. Mais avant ce baptême du feu rock, il y a eu la vie dans les coupe-gorges de Tananarive, la galère et, enfin, la possibilité de quitter un peu son île.
PAR JEAN-VIC CHAPUS (À RENNES) ET THOMAS PITREL (À TANANARIVE) / PHOTO : RIJASOLO
http://www.society-magazine.fr/
Il est environ 19h ce mardi soir de la fin novembre, et la nuit a déjà enveloppé Antananarivo, alias Tananarive, en pleine île de Madagascar, lorsque trois silhouettes apparaissent au détour d’une rue du quartier d’Andravoahangy. Aux avant-postes, il y a Eddy et son frère Mahefa. Tous les deux ont la petite vingtaine. Si ce n’était leur lieu de naissance et de résidence exclusive, l’un comme l’autre feraient de parfaits modèles pour une de ces pubs Dior, période Hedi Slimane, censées vanter les mérites de la maigreur rock et son corollaire de jeans serrés à la taille, de poses arrogantes et de cheveux ébouriffés juste ce qu’il faut. Seul accroc au cliché : au lieu de se balader dans la rue collés-serrés avec des Kate Moss de Madagascar encore mineures, les deux leaders du groupe punk malgache The Dizzy Brains ont fait le déplacement accompagnés par… leur père. Ce dernier ne tenait pas à laisser sortir ses fils de 25 et 21 ans tout seuls la nuit. Car Madagascar ne ressemble pas au New York hipster des environs de Williamsburg, à l’East End londonien ni aux abords du Bus Palladium dans le IXe arrondissement parisien. Alors même si Eddy et Mahefa connaissent par cœur
ces rues de Tananarive où ils ont souvent dormi après leurs concerts à même le bitume, ils n’ont pas forcément envie de les magnifier : “Pour ne pas prendre le risque de nous prendre un coup de couteau en rentrant chez nous après nos concerts, on a souvent préféré dormir dans la rue.” Il faut dire qu’à cet endroit même, fin octobre, un dessinateur de presse, Rakima, a été poignardé par deux voleurs, venant s’ajouter à la liste des victimes de l’insécurité dans cette partie de lacapitale. Mais si le père des deux Dizzy Brains est ici, c’est également car il n’est pas pour rien dans les velléités rock’n’roll de ses fils. Il vit même sans doute son rêve de découverte du monde grâce au rock à travers le groupe de ses enfants. Du coup, rien de plus normal que de l’entendre rembobiner, avec une certaine fierté, sur ce qui l’anime et ce qui forme également la bande originale de sa génération : “Moi-même je suis musicien. Pas réputé, hein, mais je sillonne les scènes avec des gens qui ont déjà une petite aura, des groupes qui jouent dans les cabarets. On joue du rock, du blues, parfois de la country. Pendant mon enfance, on a vécu la musique rock à fond dans l’île en écoutant les groupes célèbres de l’époque : Beatles, Rolling Stones, Bob Dylan, Simon & Garfunkel, etc.” Eddy à la relance : “Avant, dans les années 70, il y avait les Kinks. Ils étaient très populaires ici, je crois. En tout cas, j’en ai entendu parler. Les mecs de la génération de mon père n’arrêtaient pas de nous vanter les disques de ces gars. Mais avec le temps, ce feeling rock s’est dilué dans l’île. C’est même devenu une pratique underground. Nous, on joue dans des bars minuscules pour pratiquement rien. Au maximum 40 personnes viennent nous voir. De toute façon, les gens de mon âge préfèrent la pop commerciale qui vient des États-Unis et les trucs tropicaux qui font remuer les fesses.”
Serge Gainsbourg, Jacques Dutronc et les clones de Beyoncé
Le père et ses deux gamins allument une petite lumière et guident à travers le dédale des ruelles d’un Tana à l’éclairage public rare, voire absent lorsque surviennent les très fréquentes coupures d’électricité. Une grille en fer, une petite cour d’immeuble, une porte d’entrée exiguë et quelques étages dans un escalier sombre avant d’entrer dans un appartement douillet. Les Dizzy Brains accueillent à domicile et indiquent le chemin du salon. Un vrai salon familial, avec canapé, fauteuils, télé et chaîne hi-fi. C’est d’ailleurs grâce à cette dernière, en 2011, qu’est né le groupe, comme le proclame fièrement Eddy :“J’étais descendu aux toilettes, il y avait cette chanson que mon père jouait sur la chaîne hi-fi : 7 heures du matin, de Jacqueline Taïeb. Ça m’a fait un déclic dans la tête : pourquoi ne pas faire du rock ? Et le déclic s’est confirmé quand, quelques semaines plus tard, on est tombés sur des vidéos de Serge Gainsbourg et Jacques Dutronc à la télé. On a vu ces mecs tellement cinglés, qui déchiraient avec leurs textes, qui déchiraient avec leur attitude sur scène. On a eu l’idée du nom du groupe : The Dizzy Brains. Parce que tout chez ces mecs nous filait le vertige. Là encore, c’est grâce à notre père qu’on a été exposés à ça !” Même si Eddy dit avoir voulu devenir avocat avant de réellement se consacrer au rock, le parcours du combattant qu’il se remémore ressemble à une vieille histoire.
Les gens de mon âge préfèrent la pop commerciale qui vient des États-Unis et les trucs tropicaux qui font remuer les fesses
EDDY
Les gens de mon âge préfèrent la pop commerciale qui vient des États-Unis et les trucs tropicaux qui font remuer les fesses
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