Climate science: Shifting storms
http://sainagasydadabe.blogspot.fr/2014/05/climate-science-shifting-storms-hamish.html
- Hamish Ramsay
- The poleward migration of the location of tropical cyclone maximum intensity
- http://sainagasydadabe.blogspot.fr/2014/05/the-poleward-migration-of-location-of.html
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Les cyclones tropicaux gagnent du terrain, au nord comme au sud
LE MONDE |
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Pierre Le Hir
Katrina (2005, Louisiane, 1 800 morts), Nargis (2008, Birmanie,
138 000 morts et disparus), Sandy (2012, Antilles et Côte est des
Etats-Unis, 210 morts), Haiyan (2013, Philippines, 8 000 morts et
disparus)…
Les cyclones tropicaux – appelés ouragans dans l'Atlantique et typhons dans le Pacifique – comptent parmi les phénomènes météorologiques les plus dévastateurs, par les pluies torrentielles et les violentes rafales (près de 380 km/h pour le typhon Haiyan) qui les accompagnent. Or, depuis trois décennies, ils atteignent leur pic d'intensité à des latitudes toujours plus élevées, au nord comme au sud, mettant en péril des régions qui n'y sont pas préparées.
C'est l'alarmant tableau que dresse une étude de climatologues américains, publiée jeudi 15 mai dans la revue Nature. James Kossin (National Oceanic and Atmospheric Administration, NOAA) et ses collègues ont compilé les données issues des observations satellitaires sur la période 1982-2012, pour laquelle existent des séries de données homogènes.
Il en ressort que la latitude où les cyclones tropicaux atteignent leur intensité maximale, pendant leur parcours et leur cycle de vie, qui peut durer de quelques jours à quelques semaines, s'est déplacée vers les pôles. Cela, à raison de 53 km par décennie dans l'hémisphère Nord, et de 62 km dans l'hémisphère Sud. Soit, au total, un élargissement de la bande d'impact maximal de 115 km par décennie, l'équivalent d'un degré de latitude (environ 111 km).
« GRAVES CONSÉQUENCES »
Cette « migration globale vers les pôles » n'empêche pas des disparités régionales. Les déplacements les plus marqués sont observés dans le Pacifique nord et sud ainsi que dans le sud de l'océan Indien. La tendance est en revanche peu prononcée dans l'Atlantique.
Si ce mouvement migratoire se poursuit, préviennent les auteurs, il pourrait réduire le risque cyclonique dans les régions proches de l'équateur. A l'inverse, il « pourrait avoir de graves conséquences », en termes de pertes de vies humaines et en dégâts matériels, sur les zones de plus hautes latitudes. « Cela aura probablement des impacts majeurs, dont l'augmentation des menaces sur des populations côtières qui n'étaient historiquement pas sujettes aux cyclones tropicaux », écrit, dans un commentaire, le climatologue australien Hamish Ramsay (université Monash de Melbourne).
Ce n'est pas le seul danger. « Les cyclones tropicaux ne sont pas seulement porteurs de catastrophes, explique Fabrice Chauvin, du Centre national de recherches météorologiques (CNRS, Météo France). Ils apportent aussi une part substantielle de leurs pluies annuelles à des régions très sèches qui, dans l'hypothèse d'un déplacement vers les pôles, risqueraient de devenir encore plus arides. » Et de voir leurs ressources en eau potable se tarir, quand d'autres régions seront noyées sous les inondations.
Comment expliquer cette extension du domaine des cyclones ? Les chercheurs établissent une corrélation avec un autre phénomène, appelé « expansion des tropiques ». Les tropiques du Cancer et du Capricorne, qui délimitent la ceinture tropicale, n'ont évidemment pas bougé sur le globe, mais, pour les climatologues, cette zone se définit surtout par la position de certains courants atmosphériques, qui régissent les régimes de précipitations et de températures.
« Les mesures effectuées depuis trente ans montrent un élargissement des cellules de Hadley, c'est-à-dire des boucles de circulation des courants atmosphériques entre l'équateur et les tropiques », décrit Fabrice Chauvin. Or ce sont ces boucles qui apportent des précipitations aux zones équatoriales et qui rendent arides les régions proches des tropiques.
SÉCHERESSE
Du fait de leur élargissement, la sécheresse pourrait donc croître à l'avenir dans des territoires situés plus au nord et plus au sud, qu'il s'agisse du bassin méditerranéen, du sud-ouest des Etats-Unis, du sud de l'Australie ou de l'Afrique du Sud, tous très peuplés.
Reste à élucider les causes de l'expansion des tropiques et, partant, du déploiement des cyclones. Les scientifiques avancent trois hypothèses : la hausse des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la diminution de la couche d'ozone stratosphérique, ou l'augmentation de la pollution atmosphérique par des aérosols. « Ces trois facteurs, qui jouent sur la distribution verticale et horizontale de la température et de l'humidité, peuvent expliquer l'élargissement des cellules de Hadley, commente Fabrice Chauvin. Il faut poursuivre les recherches, en faisant tourner les modèles climatiques, pour savoir quel facteur, ou quelle association de facteurs, est déterminant. »
Dans tous les cas, gaz à effet de serre, ozone ou pollution, la responsabilité en revient aux activités humaines.
Les cyclones tropicaux – appelés ouragans dans l'Atlantique et typhons dans le Pacifique – comptent parmi les phénomènes météorologiques les plus dévastateurs, par les pluies torrentielles et les violentes rafales (près de 380 km/h pour le typhon Haiyan) qui les accompagnent. Or, depuis trois décennies, ils atteignent leur pic d'intensité à des latitudes toujours plus élevées, au nord comme au sud, mettant en péril des régions qui n'y sont pas préparées.
C'est l'alarmant tableau que dresse une étude de climatologues américains, publiée jeudi 15 mai dans la revue Nature. James Kossin (National Oceanic and Atmospheric Administration, NOAA) et ses collègues ont compilé les données issues des observations satellitaires sur la période 1982-2012, pour laquelle existent des séries de données homogènes.
Il en ressort que la latitude où les cyclones tropicaux atteignent leur intensité maximale, pendant leur parcours et leur cycle de vie, qui peut durer de quelques jours à quelques semaines, s'est déplacée vers les pôles. Cela, à raison de 53 km par décennie dans l'hémisphère Nord, et de 62 km dans l'hémisphère Sud. Soit, au total, un élargissement de la bande d'impact maximal de 115 km par décennie, l'équivalent d'un degré de latitude (environ 111 km).
« GRAVES CONSÉQUENCES »
Cette « migration globale vers les pôles » n'empêche pas des disparités régionales. Les déplacements les plus marqués sont observés dans le Pacifique nord et sud ainsi que dans le sud de l'océan Indien. La tendance est en revanche peu prononcée dans l'Atlantique.
Si ce mouvement migratoire se poursuit, préviennent les auteurs, il pourrait réduire le risque cyclonique dans les régions proches de l'équateur. A l'inverse, il « pourrait avoir de graves conséquences », en termes de pertes de vies humaines et en dégâts matériels, sur les zones de plus hautes latitudes. « Cela aura probablement des impacts majeurs, dont l'augmentation des menaces sur des populations côtières qui n'étaient historiquement pas sujettes aux cyclones tropicaux », écrit, dans un commentaire, le climatologue australien Hamish Ramsay (université Monash de Melbourne).
Ce n'est pas le seul danger. « Les cyclones tropicaux ne sont pas seulement porteurs de catastrophes, explique Fabrice Chauvin, du Centre national de recherches météorologiques (CNRS, Météo France). Ils apportent aussi une part substantielle de leurs pluies annuelles à des régions très sèches qui, dans l'hypothèse d'un déplacement vers les pôles, risqueraient de devenir encore plus arides. » Et de voir leurs ressources en eau potable se tarir, quand d'autres régions seront noyées sous les inondations.
Comment expliquer cette extension du domaine des cyclones ? Les chercheurs établissent une corrélation avec un autre phénomène, appelé « expansion des tropiques ». Les tropiques du Cancer et du Capricorne, qui délimitent la ceinture tropicale, n'ont évidemment pas bougé sur le globe, mais, pour les climatologues, cette zone se définit surtout par la position de certains courants atmosphériques, qui régissent les régimes de précipitations et de températures.
« Les mesures effectuées depuis trente ans montrent un élargissement des cellules de Hadley, c'est-à-dire des boucles de circulation des courants atmosphériques entre l'équateur et les tropiques », décrit Fabrice Chauvin. Or ce sont ces boucles qui apportent des précipitations aux zones équatoriales et qui rendent arides les régions proches des tropiques.
SÉCHERESSE
Du fait de leur élargissement, la sécheresse pourrait donc croître à l'avenir dans des territoires situés plus au nord et plus au sud, qu'il s'agisse du bassin méditerranéen, du sud-ouest des Etats-Unis, du sud de l'Australie ou de l'Afrique du Sud, tous très peuplés.
Reste à élucider les causes de l'expansion des tropiques et, partant, du déploiement des cyclones. Les scientifiques avancent trois hypothèses : la hausse des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la diminution de la couche d'ozone stratosphérique, ou l'augmentation de la pollution atmosphérique par des aérosols. « Ces trois facteurs, qui jouent sur la distribution verticale et horizontale de la température et de l'humidité, peuvent expliquer l'élargissement des cellules de Hadley, commente Fabrice Chauvin. Il faut poursuivre les recherches, en faisant tourner les modèles climatiques, pour savoir quel facteur, ou quelle association de facteurs, est déterminant. »
Dans tous les cas, gaz à effet de serre, ozone ou pollution, la responsabilité en revient aux activités humaines.
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Pierre Le Hir
Journaliste au Monde
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