Malgrés tout nous encourage à considérer, que Madagascar serait magnifique, aves une fée ,dotée du génie blanc , permettant aux gasy de s'épanouir
Sur le role des syndicats dans histoire gasy, le dernier bouquin de Frémigacci, est plus sérieux,
Parallléle amusant avec le cas famille De Heaulne ( Berenty )
conte de fée , censé illustré ce qui serait possible, à Madagascar sans les gasy
Une chercheuse US ' Jolli Alison ) s'est penchée sur moeurs ( matriarcat ) des lémurien(e)s , ,alors qu'elle est trés engagée réflexion féministe par ailleurs,
et, témoigne d'une complaisance, émue sur noblesse d'ame de cette famille,
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Née dans une ferme de la Montérégie au Canada, Denise Cléroux partit enseigner les mathématiques à Madagascar à l’âge de 30 ans pour l’Agence canadienne de développement international, mieux connue sous l’acronyme ACDI. Attirée par l’aventure, elle entreprit le long voyage avec son jeune fils, laissant derrière elle un mariage qui battait de l’aile. Elle fut conquise par les habitants de cette grande île oblongue de l’océan Indien aux paysages époustouflants. Elle s’y installa à demeure, s’y maria et eut deux autres enfants.
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En voulant faire connaître les merveilles de l’artisanat malgache, elle se découvrit une âme d’entrepreneure et vendit à travers le monde des centaines de milliers d’objets en cuir de zébu, en papier antemoro et en raphia, dont les célèbres chapeaux Kaminski, formant et éduquant sur deux décennies des générations d’ouvrières d’Antananarivo, auparavant démunies et analphabètes, mais désormais fières de pouvoir vivre du travail de leurs mains.
Du rang des Écossais jusqu’à Farnham
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Au début des années 1940, la vie était difficile pour les fermiers de Sainte-Brigide, en Montérégie. Pour mieux subvenir aux besoins de sa famille, Jean-Louis Cléroux décida de quitter le rang des Écossais et d’aller s’installer dans la ville de Farnham, située à cinq kilomètres. Lui et sa femme Rita Lasnier voulaient profiter de l’activité économique engendrée par la présence d’une usine de papier et du camp militaire que le gouvernement fédéral y avait construit en ces années de guerre. Les grands-parents maternels, Ulric et Martha Lasnier, qui habitaient la ferme d’à côté sur le rang des Écossais avec leur autre fille Irène, leur offrirent de garder la petite Denise, qui venait de naître, le temps qu’ils s’installent.
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Jean-Louis et Rita louèrent un vaste appartement à Farnham pour pouvoir sous-louer des chambres aux familles qui venaient visiter les soldats du camp militaire. Plus tard, ils firent l’acquisition d’une grande maison pour en héberger plus. Jean-Louis s’acheta une voiture et s’improvisa aussi chauffeur de taxi pour véhiculer ces familles.
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Quelques années plus tard, les grands-parents Lasnier décidèrent d’aller rejoindre leur fille Rita à Farnham. Ils achetèrent la maison voisine et s’y installèrent. Ils continuèrent de garder sous leur toit la petite Denise, qui avait maintenant neuf ans.
Une enfant à part
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Bien sûr, Denise allait souvent voir ses parents et ses frères et sœurs d’à côté, mais contrairement à eux, sa maison, sa chambre, ses habitudes étaient chez ses grands-parents dont elle était devenue la raison d’être et le centre d’attention.
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D’un tempérament curieux, elle était habile de ses mains, de sorte que sa grand-mère et sa tante Irène lui apprirent très tôt à lire, à compter, à coudre, à broder, et à tisser sur l’imposant métier de bois qui occupait une grande partie de l’étage principal. Denise en garda pour la vie le goût de la lecture, de l’artisanat et du travail manuel, et surtout la conviction intime qu’elle pouvait tout faire. À l’école, elle suivit des cours de piano dans lesquels elle excellait.
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Lorsque le temps fut venu d’aller au secondaire, ses parents l’inscrivirent au couvent des Sœurs de la Présentation de Marie, à Granby, puis elle partit faire ses études collégiales à l’école normale de Saint-Hyacinthe. Elle suivait en même temps ses cours de piano à l’école de musique située en face. Pour s’y rendre, elle devait sortir de son pensionnat et traverser la rue. Au hasard de ses allers-retours, elle fit la connaissance d’un jeune homme. De passage dans sa ville natale de Saint-Hyacinthe, Jean Deslandes était étudiant en arts décoratifs à Montréal. Il avait remarqué la jolie collégienne et l’emmenait souvent en balade sur son scooter dans la campagne des alentours.
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Les fréquentations menèrent rapidement à une relation assez sérieuse pour que le mariage fût envisagé. La cérémonie eut lieu à Farnham le 25 juin 1960. Denise avait 20 ans.
Le Mexique et Madagascar
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Le jeune couple partageait un goût pour l’aventure. Après une courte lune de miel, ils partirent pour le Mexique. Denise était enthousiaste à l’idée de connaître le pays des Mayas avec l’homme qu’elle avait épousé. Ils découvriraient ensemble les splendeurs de l’architecture et de l’artisanat mexicains. Leur objectif était d’y rester deux ans.
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Denise s’aperçut bientôt qu’elle était enceinte. Le 1er mars 1961, elle accoucha à Mexico d’un garçon qu’elle prénomma Jean-Pierre. Leur séjour s’écourta brusquement lorsque son mari accepta une offre d’emploi d’un cabinet d’architectes de Saint-Hyacinthe. Il l’obligea à rentrer au pays. Le rêve de Denise de connaître le Mexique en profondeur s’envolait. Elle en éprouva une profonde déception.
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La petite famille aboutit à Montréal en 1963, à l’époque où le Québec s’ouvre à la modernité. Pendant quelques années, leur vie se déroule normalement, mais les bouleversements sociaux rattrapent le couple, qui finit par mener des vies professionnelles et conjugales séparées. En 1966, Denise obtient le divorce et la garde de son enfant. S’ensuit une période où elle doit compter sur sa débrouillardise pour vivre. Grâce à sa taille élancée, sa beauté et son élégance naturelle, elle fait du mannequinat tout en donnant des cours de piano. Elle s’inscrit à l’université en mathématiques le jour, et travaille le soir dans un centre culturel hispanique. Une amie qui connaît son goût pour les voyages lui parle de l’ACDI, qui cherche des candidats pour aller enseigner à l’étranger. En 1969, Denise remplit les formulaires pour aller au Cambodge, un pays dont la culture millénaire l’attire.
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Quelques mois plus tard, elle apprend que sa candidature est retenue. Elle accepte avec enthousiasme, mais malheureusement, à cause du danger que pose l’arrivée des Khmers rouges, Denise doit choisir une autre destination. Parmi les pays possibles, elle pointe Madagascar, un pays de rizières, comme le Cambodge. Elle part en 1970 et y emmène son fils, qui a alors neuf ans.
Les marchés publics
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Elle prévoit enseigner les mathématiques pendant deux ans, puis revenir au Canada. Dans ses temps libres, elle fréquente les nombreux marchés de plein air, qui l’émerveillent. En compagnie de son fils qui la suit partout, elle va à la rencontre des habitants du pays, de ses paysans et surtout de ses artisanes. Elle admire les magnifiques tissus de soie sauvage bariolés, les produits de vannerie, de raphia tressé, de broderie ou de papier « antemoro », particulier à Madagascar, où elle se sent de plus en plus chez elle.
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Par l’intermédiaire de collègues français, elle fréquente des milieux de journalistes, de professeurs d’université et de leaders d’opinion contestataires. Elle s’engage dans leur lutte en fondant avec eux et en soutenant financièrement leur journal, le Tselatra. Elle se découvre des affinités avec le journaliste Charles Ramampy, qu’elle épouse en 1971. Elle résume ce qu’elle a vécu pendant ces années troubles : « J’ai épousé leur cause ; j’ai épousé un pays ; j’ai épousé un Malgache. » Elle était loin de se douter que ce groupuscule deviendrait un jour une force majeure sur la scène politique malgache.
L’ambassade du Canada
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Après le mariage, le couple s’installe à la campagne, en banlieue d’Antananarivo. Ils y resteront cinq ans. Denise y donnera naissance à deux filles et elle apprendra à connaître la vie rurale, le mode de vie rudimentaire des paysans, leur mentalité et leur langue. De retour dans la capitale à la suite de circonstances difficiles, Denise se retrouve encore une fois seule pour faire vivre son fils de 15 ans et ses deux filles. Elle se tourne vers l’ambassade du Canada, située en Tanzanie, qui lui offre un contrat de six mois comme agente d’information, puis un emploi de trois ans comme agente de liaison pour Madagascar. Son fils retourne à Montréal chez son père pour poursuivre ses études secondaires et universitaires. Diplômé de Polytechnique, il deviendra ingénieur avant de revenir à Madagascar quelques années plus tard.
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Pendant ce temps se déroulera une période active pour Denise Cléroux. Elle se fera connaître en tant qu’intermédiaire efficace pour les entrepreneurs canadiens désireux d’investir à Madagascar. Sa connaissance de la langue locale et ses entrées auprès de membres du nouveau gouvernement, qu’elle avait connus à l’époque de leur action révolutionnaire, la servent. Elle ouvre un bureau de représentation sur le plus grand boulevard de la capitale où elle devient une incontournable autant pour les Canadiens qui s’intéressent à Madagascar que pour les Malgaches désireux de faire affaire avec le Canada. Sans relâche, débordante d’énergie et d’enthousiasme, elle sillonne le pays et fait souvent l’aller-retour entre le Canada et Madagascar.
Le cuir de zébu
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En septembre 1987 s’ouvre le premier Forum d’affaires francophone organisé à Montréal. Elle s’y rend, bien décidée à faire valoir le potentiel commercial de Madagascar. Elle y rencontre un entrepreneur québécois qui veut importer du cuir. Bien au fait qu’il existe, selon le proverbe, « autant de zébus sur Madagascar que de Malgaches », elle voit immédiatement l’occasion à saisir, même si elle ne connaît rien au tannage du cuir.
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De retour sur son île, elle obtient une subvention de l’ACDI, Coopération industrielle, et entreprend d’ouvrir un petit atelier, de trouver un fournisseur de cuir, d’engager des ouvriers qui couperont les peaux en lanières et en fabriqueront d’abord des ceintures, puis des bretelles et même des mallettes, qu’elle expédie par pleins conteneurs au Canada. Devant le succès qu’obtiennent ses produits faits main, qui donnent du travail à une dizaine d’ouvriers, elle compte bien ne pas s’arrêter aux zébus, et cherche un gagne-pain équivalent à offrir aux femmes artisanes.
Un ouvrier prépare une peau de cuir de zébu pour la fabrication de ceintures. Plus bas, Denise Cléroux dans un marché aux fleurs d’Antananarivo en 1970.
Le papier antemoro
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Dès ses premières visites aux marchés publics de la capitale, elle avait remarqué de petits cadres décoratifs montrant des poèmes écrits à la main sur le fameux papier « antemoro ». Elle apprend que ce papier, à la fois soyeux et texturé, est fait d’une pâte produite à partir de l’écorce d’havoa, une essence de mûrier poussant uniquement dans le sud de Madagascar. Elle décide alors de fabriquer ce papier et d’en tirer de petits objets décoratifs qui seront ornés, non pas de poèmes manuscrits, mais de fleurs fraîchement cueillies. Les résultats sont décevants, car la pâte qui lui est livrée n’est pas celle du véritable papier antemoro.
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Loin de se décourager d’avoir été trompée par son fournisseur, elle demeure résolue à aller au bout de son idée. Elle retourne au marché public et y fait la rencontre d’une artisane, Flavie Rasolonirina, qui vend le papier qu’elle fabrique elle-même selon les coutumes ancestrales dans son village d’Ambalavao, situé au sud-est de Madagascar. Denise lui demande si elle peut l’aider à engager et à former des ouvrières qui fabriqueraient des pièces décoratives avec ce papier, pour exportation.
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Flavie accepte. Commence alors une grande aventure. L’atelier de fortune déjà en place grandit jusqu’à produire des tonnes de papier antemoro. Sous l’habile direction de Flavie et de Denise Cléroux, les ouvrières apprennent à fabriquer le papier, à le couper en rectangles identiques, à y déposer des fleurs fraîchement cueillies, à les recouvrir d’une mince couche de colle au tapioca et à les faire sécher au soleil. Il fallait montrer à ces femmes démunies et analphabètes à se présenter au travail tous les matins de la semaine, à se servir d’une règle, à compter, à suivre des instructions précises et surtout à gérer le salaire qu’elles rapportaient à leur mari chaque soir, ce qui marquait en soi le début d’une révolution sociale.
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Sur une période de 20 ans, ces pièces décoratives et objets de papeterie ont été vendus à plus de 2,5 millions d’exemplaires, partout en Europe et au Japon, et principalement aux États-Unis par l’intermédiaire d’une entrepreneure américaine, Erika Horn, dont Denise Cléroux avait appris l’existence par l’atelier de papier Saint-Gilles de Saint-Joseph-de-la-Rive, dans Charlevoix. Ainsi, par pur hasard, cette Californienne dynamique avait été mise en contact avec Denise Cléroux, la « Canadienne de Madagascar », qui lui avait promis de lui expédier autant de pièces décoratives qu’elle pouvait en écouler sur le marché américain.
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La consécration vint le jour où des représentants de l’UNICEF lui commandèrent des cartes de Noël. Pendant trois ans, durée limite pour les contrats accordés par l’organisme, les Ateliers Denise Cléroux expédièrent des milliers de cartes de Noël en papier antemoro à travers le réseau de l’UNICEF, faisant ainsi connaître l’artisanat et le savoir-faire malgaches à travers le monde. Denise Cléroux et ses ouvrières en étaient particulièrement fières.
Denise Cléroux tient dans ses mains une photo montrant des ouvrières de l’atelier de raphia.
Helen Kaminski
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Helen Kaminski, designer australienne, décide un jour de dessiner et de commercialiser d’élégants chapeaux à large bord en fibre de raphia, un palmier à tiges robustes et à longues feuilles poussant à Madagascar, en Afrique tropicale et en Amérique équatoriale. Après quelques tentatives infructueuses avec des artisans chinois installés en Australie, elle se tourne vers Madagascar, dont on lui vante la fiabilité du matériau. En avril 1989, elle débarque dans la capitale, Antananarivo, bien décidée à trouver la perle rare qui lui fournira les tresses de raphia de la qualité qu’elle recherche.
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À l’hôtel Hilton où elle descend, elle fait la rencontre d’un Canadien travaillant pour la Banque mondiale. Elle lui demande s’il connaît quelqu’un à Madagascar qui peut tresser du raphia. Il téléphone aussitôt à Denise Cléroux. Il a devant lui, lui dit-il, une Australienne qui cherche quelqu’un capable de tresser du raphia. Denise Cléroux lui répond spontanément : « Je ne connais rien au raphia, mais je sais tresser le cuir, donc je peux tresser du raphia. » Quelques minutes plus tard, les deux femmes se rencontraient dans le hall du Hilton d’Antananarivo. Ce fut le début de la grande aventure des chapeaux Kaminski.
Le leadership de Denise Cléroux en cinq volets
UN PROJET :
DEUX APPUIS :
- L’ACDI
- L’ambassade du Canada en Tanzanie
TROIS MATÉRIAUX :
- Le cuir de zébu
- Le papier antemoro
- Le raphia
QUATRE POINTS TOURNANTS :
- L’adoption par ses grands-parents
- Le retour du Mexique
- Les Ateliers Denise Cléroux (4 000 ouvrières)
CINQ ATOUTS :
- Le goût de l’aventure
- Le sentiment de « pouvoir tout faire »
- Le talent de bien s’entourer
- Le travail sans compter
- Le souci de la perfection
De la tresse au chapeau
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La collaboration entre Helen Kaminski et Denise Cléroux évolua avec les années. En premier lieu, il s’agissait d’envoyer en Australie des conteneurs entiers de tresses de raphia que Denise faisait faire par la quinzaine d’ouvrières supplémentaires qu’elle avait recrutées et formées à cette fin. De son côté, Helen confia la confection des chapeaux à des artisans d’Australie, mais la qualité du travail laissait à désirer. Elle fit alors appel à Denise Cléroux non seulement pour fabriquer les fibres de raphia et les tresser, mais pour confectionner les chapeaux à partir de ses dessins.
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Fidèle à elle-même, Denise Cléroux releva le défi, même si elle n’avait jamais fait ce genre de travail, y voyant un autre débouché pour ses ouvrières. Après quelques semaines d’essais et erreurs, elle finit par réaliser un patron et un prototype pour le modèle de chapeau « Classic ». Il s’agissait ensuite de diviser le travail en différentes étapes (bord, calotte, liséré, coussinet intérieur, bourdalou) et de le répartir entre ses ouvrières en tenant compte du fait qu’il fallait une seule tresse parfaitement uniforme par chapeau. Ce délicat travail de confection s’ajoutait à celui de la fabrication de la fibre et du tressage du raphia déjà en place. En quelques années, les Ateliers Denise Cléroux passèrent d’une dizaine d’ouvriers affectés aux produits de cuir de zébu et d’une quinzaine d’artisanes supplémentaires pour le papier antemoro, à plus de 4 000 ouvrières, contribuant ainsi à faire progresser considérablement l’économie malgache.
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De son côté, depuis l’Australie, Helen Kaminski mit sur pied un service de commercialisation. Elle recruta Yvan Hull, un Américain spécialisé dans le marketing de produits de luxe. Il réussit à faire connaître et à distribuer le « Classic », et les autres modèles qui vinrent par la suite, dans les boutiques huppées des États-Unis, d’Europe et d’Asie. Porter un chapeau Kaminski, que l’on reconnaissait à son petit grain de raphia en étain piqué sur la base de la calotte, devint du dernier chic. Des têtes couronnées, des célébrités du monde des affaires et de la politique, de même que des stars de cinéma arboraient fièrement les magnifiques chapeaux griffés Kaminski dont on vantait le style « casual elegant ». Hillary Clinton avait le sien, de même que Nicole Kidman et Sandra Bullock qui les portèrent dans des rôles au cinéma. Au fil des ans, la production atteignit les centaines de milliers de chapeaux par année pour des dizaines de modèles déclinés en plusieurs couleurs en raphia teint dans des cuves ajoutées dans l’atelier. Chaque chapeau, qui avait coûté environ 20 $ à produire à Madagascar, se vendait au bout de la chaîne d’intermédiaires jusqu’à 500 $, selon le modèle, dans les boutiques haut de gamme de ce monde.
Fabrication des mallettes en cuir de zébu dans les Ateliers Denise Cléroux : tissage du cuir et façonnage des poignées en bois de palissandre. À gauche, séchage du papier antemoro.
Photod : assistant : Martin Girard pour shootstudio.ca - Assistant photo : Martin Gros - maquillage et coiffure : Mélanie Champag
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Pour occuper ses ouvrières dans les périodes creuses, Denise Cléroux demanda à Helen Kaminski de dessiner des sacs de raphia, qui envahirent les boutiques d’artisanat à travers le monde. Quelle femme occidentale des années 1990 n’a pas eu un jour son petit sac de raphia pour faire ses courses, sans savoir qu’il provenait des Ateliers Denise Cléroux de Madagascar ?
L’année 2009
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Près de 40 ans après son arrivée à Madagascar, Denise Cléroux se résigna, en 2009, à fermer son grand atelier. Des tracasseries administratives et des démêlés avec des agitateurs syndicaux eurent raison de son énergie et de sa patience. Une certaine fatigue se faisait sentir. En outre, ses deux filles nées à Madagascar étaient désormais installées à Montréal, où elles avaient bâti leur vie, avec profession, mari et enfants. Était-il temps de vendre ses installations, de se délester de ses responsabilités de gestionnaire pour être en mesure de se rendre plus souvent, par un étrange retour des choses, dans son pays natal pour voir grandir ses petits-enfants ?
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L’opération fut complexe. On ne ferme pas facilement un atelier de 4 000 ouvrières. Sur une période de cinq ans, les installations et les équipements ont été liquidés et les ouvrières, fortes de leurs états de service aux réputés Ateliers Denise Cléroux, se sont facilement retrouvé du travail. Aujourd’hui, les chapeaux Kaminski sont fabriqués à meilleur coût au Sri Lanka, mais ils le sont toujours avec du raphia fièrement fait et tressé à Madagascar.
L’art de se délester
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En plus de fermer son atelier, Denise Cléroux a décidé de faire don de son domaine en banlieue d’Antananarivo au père Pedro Opeka, prêtre d’origine slovène naturalisé argentin, qu’elle connaît bien et qui a passé sa vie à aider les pauvres de Madagascar. Un village sera bientôt construit pour accueillir ses protégés. Elle fera aussi l’objet d’une biographie racontant sa fabuleuse histoire. Ainsi, non seulement elle laissera une trace de ce qu’une femme déterminée peut faire dans un pays d’Afrique, mais elle exprimera aussi sa reconnaissance et rendra hommage à toutes les ouvrières qui, par leur talent, leur fierté et leur enthousiasme, ont réussi, avec elle, à donner à l’artisanat malgache ses lettres de noblesse et à le faire connaître à l’échelle de la planète.
Note
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Cet article s’inspire de quatre entrevues données à l’auteure par Denise Cléroux les 26 août, 4 septembre et 6 septembre 2013, et le 26 mars 2015 à HEC Montréal.
Résumé
Français
Comment Denise Cléroux s’est-elle retrouvée à Madagascar à la tête d’un important atelier où plus de 4 000 ouvrières tressaient en raphia les élégants chapeaux Kaminski vendus par centaines de milliers dans les Holt Renfrew de ce monde ? Voici l’histoire inspirante d’une femme devenue une leader du développement durable en faisant connaître à l’échelle internationale les merveilles de l’artisanat malgache pour lequel elle avait eu le coup de foudre à sa descente d’avion. [1]
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