Ignace Rakoto et Sylvain Urfer (dir.). Esclavage et libération à Madagascar. Karthala – Foi & Justice/ Antananarivo, 2014, 370 pages, 29 euros
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■ Ce
livre constitue « une entreprise inhabituelle et audacieuse ». Il a le
grand mérite d’aborder de front un sujet délicat que beaucoup préfèrent
faire semblant d’ignorer, alors même qu’il
« affecte toujours aujourd’hui le comportement, le langage et les
sentiments de tous », selon les mots de Mgr Tsarahazana, président de la
Conférence épiscopale, dans la préface. Le professeur Rakoto rappelle
que « l’appartenance au lignage de ses razana (ses “ancêtres” selon
qu’ils ont été esclaves ou maîtres) reste encore fortement ancrée dans
l’identité sociale malgache ».
Il n’est jamais facile d’aborder une réalité déplaisante, mais les
contributions remarquables de ce volume le font avec rigueur et doigté,
seul chemin d’une appréciation éclairée et libératrice. La première
partie est consacrée à l’histoire de l’esclavage à Madagascar pendant le XIXe siècle
(à signaler une contribution passionnante sur les esclaves naufragés de
l’île Tromelin) et à l’attitude du christianisme face à l’esclavage, en
particulier la décision de Mgr Cazet, premier évêque de Tananarive, de
racheter les esclaves. Plus ambitieuse encore est la seconde partie
consacrée aux servitudes actuelles des enfants, des femmes et des
travailleurs, y compris à travers la prégnance des coutumes et de la
tradition. La troisième partie réfléchit sur les chemins de la
libération. Une postface de trois pages énonce six propositions
concrètes des auteurs « pour intégrer l’esclavage dans la mémoire
collective et pour abolir l’esclavage moderne ».
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